
Difficile de trouver des produits frais dans les dépanneurs de village. Mais grâce à un nouveau programme lancé par la démarche COSMOSS de la MRC de La Matanie, les fruits et légumes devraient devenir plus accessibles dans les petites municipalités.
Il y a du nouveau au magasin général de Grosses-Roches, entre Matane et Sainte-Anne-des-Monts : on y trouve une vingtaine de fruits et légumes, incluant des fraises, du céleri ou du brocoli. Le nouveau propriétaire Pierre Lafontaine (qui est arrivé au début de l’année) avait à cœur de proposer ces produits à sa clientèle, et il a trouvé un allié pour mener à bien ce projet : la démarche COSMOSS, qui vise à favoriser le plein potentiel des jeunes.
M. Lafontaine bénéficie d’un programme de compensation : pendant le prochain mois, s’il encaisse des pertes avec ses fruits et légumes, celles-ci seront remboursées à hauteur de 40 % par COSMOSS. Le mois prochain, ce sera 30 %, et celui d’après 20 %. Le marchand assume donc la majorité des risques, tout en limitant ses éventuelles pertes.
Le magasin général de Grosses-Roches fait office de projet pilote, et la formule sera étendue à d’autres dépanneurs du coin si l’expérience est positive. « Cela fait quelques années que l’idée d’améliorer l’offre de fruits et légumes frais dans les dépanneurs de la MRC de La Matanie a germé chez COSMOSS, explique Carole-Anne Gonthier qui est la coordonnatrice de cette démarche pour cette MRC. On a ciblé le magasin général de Grosses-Roches parce qu’il est dans un secteur où il y a très peu d’offre alimentaire, et parce que M. Lafontaine était très intéressé à collaborer. »
Un dépanneur qui devient une véritable épicerie
En fait, ce dernier avait déjà commencé à proposer des fruits et légumes frais récemment, de sa propre initiative : « J’ai un nouveau distributeur qui est situé à Matane, qui me permet d’acheter de plus petites quantités », relate-t-il, ce qui est essentiel pour un petit commerce qui ne peut écouler de grandes quantités de produits frais.
Le programme de COSMOSS donne donc un bon coup de pouce à M. Lafontaine pour continuer dans cette voie : « Ça nous permet d’avoir une plus grande diversité. » Puisqu’il a peu de fruits et légumes de chaque sorte, les sommes qui lui seront versées en compensation seront minimes, si pertes il y a.
Il est trop tôt pour que le commerçant se prononce sur le succès des fruits et légumes auprès des consommateurs de Grosses-Roches. « Chaque fois qu’on rentre de nouveaux produits, c’est un petit peu long, relate-t-il. À moment donné, l’habitude se crée : les gens savent que s’ils viennent ici, ils vont trouver pareil. » En effet, depuis qu’il a sauvé le magasin général de la disparition il y a quelques mois, de nouveaux produits ont fait leur apparition dans les rayons, comme les fromages fins et la viande locale. Cet été, neuf casiers de bois seront disponibles pour que les producteurs locaux viennent y vendre leurs fruits et légumes.
Jusqu’à récemment, il fallait aller jusqu’à Matane pour trouver ces produits : « 30 minutes pour y aller, 30 minutes pour revenir, plus le temps au magasin : ça tue un après-midi », résume Pierre Lafontaine. En termes savants, on appelle un lieu qui n’est pas desservi par une offre de produits alimentaires sains un désert alimentaire. Grosses-Roches n’en est plus un, et d’autres villages de La Matanie pourraient suivre.