
Face à des mesures sanitaires jugées démesurées par rapport à la réalité de la situation pandémique, des élus du Bas-Saint-Laurent demandent que la région soit traitée différemment du reste du Québec. De son côté, la Chambre de commerce et de l’industrie Rimouski-Neigette promet des actions.
Trois, six, trois, quatre, trois, deux, un… Ce n’est pas un numéro de téléphone, mais le nombre de cas quotidiens de Covid-19 enregistrés dans les derniers jours au Bas-Saint-Laurent. Malgré ce bilan flatteur, la région est soumise au même traitement que le reste du Québec : fermeture des commerces non essentiels, interdiction de rassemblement et couvre-feu nocturne.
Lundi 25 janvier, la MRC de Rimouski-Neigette, la Ville de Rimouski et la Société de promotion économique de Rimouski (SOPER) ont émis un communiqué conjoint pour demander une « modulation » des mesures sanitaires.
« En début d’année, le gouvernement du Québec a imposé quatre semaines de confinement total et de couvre-feu, rappelle le préfet de la MRC Francis St-Pierre. On était d’accord qu’il fallait faire quelque chose afin de donner une chance au réseau de la santé. Mais avec la diminution des cas, il faut passer à autre chose le 8 février, pour la santé psychologique de nos citoyens et de nos entrepreneurs. »
Devrait-on revenir à la zone orange? Le préfet ne s’avance pas là-dessus, car la réflexion doit être approfondie : « Moi je vivrais avec un couvre-feu, mais pour les restaurants, fermer à 20 h n’est pas une bonne chose. On va en discuter avec Québec. J’ai écouté l’entrevue que le docteur Arruda a donnée hier à TVA, il y a de l’ouverture. »
« C’est clair qu’à moment donné, il faut adapter notre Intervention à ce qui se passe sur le territoire », a notamment déclaré le directeur national de santé publique.
Fortunes diverses chez les commerces
La situation des commerces est très inégale, explique le directeur général de la Chambre de commerce Jonathan Laterreur : « Certains ont profité de la pandémie, comme les magasins à grande surface ou la Coop Alina. Par contre, il y a énormément d’entreprises qui souffrent énormément, en particulier dans le commerce de détail. »
Le soutien massif apporté par le gouvernement fédéral a permis de limiter le nombre de faillites. Par ailleurs, les entrepreneurs ne sont pas tous au courant des programmes d’aide offerts par le gouvernement provincial, selon M. St-Pierre qui siège aussi sur le conseil d’administration de la SOPER et qui affirme que des communications vont être faites en ce sens dans les prochains jours.
« Plusieurs économistes lèvent le drapeau rouge : la situation n’est pas viable, on ne peut pas imprimer de l’argent sans arrêt », tempère M. Laterreur. De plus, à moyen terme, les changements d’habitude des consommateurs et l’essor du commerce en ligne continueront à nuire aux petits commerces.
Dimanche, le magasin Beaulieu Collections de Rimouski a sonné l’alerte en affichant « Entreprise à bout de souffle » dans sa vitrine et en publiant un message partagé des centaines de fois sur Facebook. La Chambre de commerce appelle les autres commerçants à s’exprimer de manière similaire, tout en respectant les mesures de santé publique. D’autres actions devraient suivre rapidement.
« On ne peut pas retirer leur gagne-pain aux commerçants du jour au lendemain, alors qu’ils ont suivi à la lettre ce qui leur était demandé : port du masque, distanciation sociale, plexiglas, martèle Jonathan Laterreur. La preuve : il n’y a pas eu d’éclosions dans les commerces! »
Francis St-Pierre ajoute que le nombre de cas n’a pas explosé au retour des fêtes : lorsque la situation s’est dégradée à la mi-décembre, les Bas-Laurentiens se sont pris en main. Le préfet pense que pour conserver l’adhésion de la population, il faut que les mesures soient adaptées à la situation. « On a deux choix : on fait des assouplissements pour permettre aux commerces d’ouvrir, ou on va gérer de la délinquance. Essayez de vous louer un chalet pour la semaine de relâche : c’est impossible, tout est réservé… »