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Ce que les gestions de crises nous révèlent sur la CAQ

Par Carol-Ann Kack le 2021/01
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Ce que les gestions de crises nous révèlent sur la CAQ

Par Carol-Ann Kack le 2021/01

Avant les Fêtes, le gouvernement Legault proposait un contrat moral aux Québécois et aux Québécoises : « Si vous respectez bien les consignes sanitaires et que le nombre de cas est à la baisse, on pourra fêter Noël! » Malheureusement, on connaît aujourd’hui l’histoire : les résultats n’ont pas été au rendez-vous, nous ramenant dans un confinement presque complet pour les Fêtes.

AURAIT-IL PU EN ÊTRE AUTREMENT?

Alors qu’on accepte collectivement de mettre de côté nos besoins de socialiser, qu’on accepte d’éviter de participer à des activités culturelles et sportives, et de limiter nos contacts physiques avec nos proches, la transmission, elle, ne s’arrête pas.

Mais où se fait-elle exactement? Dans nos bibliothèques? Nos musées? Nos salles d’entraînement? Non. Les chiffres ne mentent pas : la deuxième vague frappe de plein fouet les milieux de travail, les écoles, les milieux d’hébergement et de soins de longue durée, les milieux hospitaliers et, dans une moindre mesure, les prisons1. Alors, que doit-on comprendre des choix faits par notre gouvernement?

Plus souvent qu’autrement, le gouvernement de la CAQ a fait reposer la responsabilité du contrôle de la pandémie sur la population, comme si elle nous appartenait uniquement. Isole-toi, et tout ira bien! Toutefois, il importe de garder une chose en tête : le gouvernement aurait pu faire des choix différents, mais il ne les a pas faits.

En juin dernier, François Legault ne s’est pas gêné pour critiquer le soutien financier apporté par le gouvernement fédéral aux travailleurs et aux travailleuses, indiquant que la Prestation canadienne d’urgence nuisait au retour au travail2. Pourtant, aussi coûteuse que cette mesure puisse être, n’est-elle pas cohérente avec ce que l’on doit faire pour limiter nos contacts et ainsi restreindre l’ampleur de la pandémie?

N’y aurait-il pas moyen de limiter les dégâts sur l’économie du Québec tout en protégeant sa population? Par exemple, en allant chercher de l’argent dans les poches des entreprises qui ont grandement profité de la première vague pour compenser les pertes des petites et moyennes entreprises? Pendant que les citoyens et les citoyennes appliquent tous les jours les mesures sanitaires tout en travaillant afin de prévenir une crise économique, le gouvernement, lui, semble manquer de courage politique.

Même son de cloche du côté des écoles. En début d’année scolaire, les oppositions de l’Assemblée nationale et les syndicats lançaient des alertes concernant le milieu scolaire : la ventilation défaillante, la fréquentation scolaire à temps plein et les classes remplies à pleine capacité augmenteront les risques de propagation3. Plusieurs pistes de solution étaient pourtant sur la table. Encore une fois, il semble que le gouvernement a préféré remettre la responsabilité aux écoles et aux enseignantes et enseignants déjà surchargés.

RÉPÉTITION GÉNÉRALE

Et si seulement la pandémie était l’unique crise à laquelle le Québec devait faire face…

Malheureusement, parallèlement à la crise pandémique, la crise climatique menace plus que jamais notre environnement et notre qualité de vie. Encore une fois, notre gouvernement nous sert la même recette. Dans un plan « audacieux » lancé en novembre dernier pour une « économie verte », on a annoncé que chaque Québécois et chaque Québécoise aura sa voiture électrique en 2030, et que l’on parviendra ainsi à diminuer nos émissions de gaz à effet de serre de 37,5 %4. Ton masque, ton char, rebelote.

Alors que l’on devrait urgemment questionner l’utilisation de la voiture individuelle et envisager des solutions plus structurantes, il semble que notre gouvernement choisit encore une fois de nous faire porter le fardeau d’aplatir la courbe, cette fois celle des changements climatiques. Pendant ce temps, il poursuit son « développement ambitieux » avec le troisième lien autoroutier à Québec, le projet GNL de liquéfaction du gaz naturel au Saguenay, et sait-on quelles autres surprises pour l’avenir…

Est-ce ça, le vrai visage de la CAQ? Un gouvernement qui fait reposer le poids de l’atteinte des objectifs environnementaux sur la population, plutôt que de soutenir la collectivité avec des approches structurantes, innovantes et humanisantes?

En conséquence, nous continuons de nous diviser selon notre implication et nos actions individuelles dans la gestion des crises, sanitaires ou environnementales. Il faut bien trouver des responsables! Face à cette logique, je réponds : soyons plus grands et plus grandes que cette logique qui individualise et qui divise. Nous n’avons pas à porter le fardeau des responsabilités qui se trouvent entre les mains du gouvernement.

1. En date du 15 décembre 2020, la Santé publique du Québec rapportait que les milieux de travail, les milieux de vie et de soins, ainsi que le milieu scolaire représentaient à eux seuls 90 % des éclosions actives. https://www.quebec.ca/sante/problemes-de-sante/a-z/coronavirus-2019/situation-coronavirus-quebec/#c53630

2. « Prolongation de la PCU : Legault souhaite un incitatif pour le retour au travail », Le Devoir, 16 juin 2020, www.ledevoir.com/politique/580911/prolongation-de-la-pcu-legault-souhaite-un-incitatif-pour-le-retour-au-travail

3. « Un plan de rentrée scolaire inadéquat », La Presse, 26 août 2020, www.lapresse.ca/debats/opinions/2020-08-26/un-plan-de-rentree-scolaire-inadequat.php

4. Québec, Plan pour une économie verte, 2030, www.environnement.gouv.qc.ca/plan-economie-verte/bref.htm

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