
Nous traversons de nombreuses saisons au cours de nos vies. Si l’été est souvent associé aux joies et aux douces effervescences, l’hiver évoque la rudesse du froid, les tempêtes, la fièvre. Et le charme de la neige qui devient bleue sous la lune, des instants de chaleur auprès du feu en attendant
le printemps qui surgit
mais n’arrive jamais
l’incertitude d’une promesse d’amour
ravie aux mouches
une éternité minuscule, sa cérémonie
Paru en septembre dernier aux Éditions du Noroît, Passer l’hiver, le deuxième recueil de poésie de Kateri Lemmens, présente une série d’allusions à nos hivers, individuels et sociopolitiques. À travers différentes voix, elle parle de ces passages à vide lorsqu’une relation nous échappe, de cette intuition que la fin du monde est peut-être proche, de ces questionnements qui n’aboutissent qu’à une autre question. Et puisque chacune de ces voix sait que la neige n’est que de la pluie gelée,
Il y aurait une trêve, et plus pâle le désespoir. Les particules luiraient entre nos mains le poème te ferait entrevoir l’éternité dans une pupille fêlée.
Un peu comme
quand les aveugles commencent à voir.
Les illustrations en clair-obscur de Romain Renard (BD Melvile) accompagnent les poèmes de l’autrice qui, avec ses mots, joue également d’effets optiques autour de la lumière. Dans la noirceur de la saison lente, les réflexions s’exposent longuement pour arriver à capter la lumière, tandis que l’instinct se dirige vers cette dernière de façon instantanée.
C’est comme si la vérité se tenait devant moi et que je ne voyais rien. J’ai accéléré.
Malgré les intempéries et les doutes, il y a la beauté des flocons qui tombent doucement, le crépitement des bûches comme une présence et le sifflement du vent qui nous promettent que demain, nous parviendrons à traverser l’hiver.