
Village particulièrement affecté par l’érosion côtière, Sainte-Flavie souhaite devenir carboneutre d’ici 2022. La première étape dans la réalisation de cet objectif, à savoir l’estimation des émissions de gaz à effet de serre (GES) sur l’ensemble du territoire municipal, vient tout juste d’être franchie.
Commencé par l’agent de développement de la municipalité, ce travail a par la suite été mené par la chargée de projet en résilience côtière Géraldine Colli, avec l’aide du Réseau Environnement. L’inventaire se décline en deux parties, explique Mme Colli : les émissions faites par la municipalité, et celles des 900 citoyen·ne·s. « Pour tout ce qui est municipal, il y a d’abord l’électricité dans chacun des bâtiments et l’éclairage public. Ensuite, la flotte de véhicules, les déchets qu’on émet, et tout ce qui est eau et égout. » C’est la partie facile : les vieilles factures peuvent permettre de faire un calcul assez précis, et il n’y a pas beaucoup d’employé·e·s à Sainte-Flavie.
En ce qui concerne les résident·e·s, par contre, ça se corse. Le programme Partenaires dans la protection du climat, administré par la Fédération canadienne des municipalités, fournit des outils pour calculer au mieux les émissions des individus et des entreprises. Il existe notamment des moyennes d’émission de GES par habitant calculées aussi bien au niveau du Canada que du Québec, qui ont été ajustées à la réalité de Sainte-Flavie d’après les données de recensement. Pour les déchets, la MRC de La Mitis a fourni les données, qui sont classées par municipalité.
Un effort particulier a été déployé en ce qui concerne le secteur agricole : les producteurs ont été contactés par téléphone, puis un sondage leur a été envoyé par courriel. Avec un certain succès : 9 sur 16 ont répondu, bien que cette consultation ait eu lieu au printemps, période occupée dans les fermes. « Cela va être quelque chose à revoir pour le prochain inventaire, assure Géraldine Colli. Il faudrait passer voir les agriculteurs et discuter avec chacun d’entre eux, idéalement en hiver, pour essayer d’être encore plus précis et d’avoir vraiment tous les informations. »
De la même manière, il sera possible d’améliorer l’inventaire des émissions de GES de chaque Flavien·ne en effectuant des sondages sur leurs habitudes de consommation et de transport. Le temps a manqué pour le faire en cette année un peu particulière, mais ce n’est que partie remise selon Mme Colli.
Le transport, plus gros émetteur
Au niveau des résultats, le transport prend une place considérable : celui-ci représente 76% des émissions de Sainte-Flavie, alors que sa part n’est que de 43% à l’échelle provinciale. Un ratio qui n’est toutefois guère surprenant lorsqu’on connait l’appétit des Québécois pour les grosses voitures (comme les VUS), mais deux éléments supplémentaires sont à prendre en compte pour nuancer ce résultat : premièrement, il n’y a pas d’industries sur le territoire de la municipalité; ensuite, les émissions de tous les véhicules qui traversent Sainte-Flavie (ceux des nombreux touristes, par exemple) ont été considérées dans le calcul.
Il va maintenant falloir trouver des moyens de faire baisser les émissions flaviennes, ce qui va être un « gros défi » de l’aveu de Géraldine Colli, étant donné la part prépondérante du transport dans l’équation. Le transport en commun n’est pas adapté aux petites municipalités, alors « on est en train de regarder des projets d’autopartage. Des bornes électriques ont été mises en place, on va essayer de montrer l’utilité de la voiture électrique, même si on sait que sa conception émet beaucoup de GES. »
À l’échelle provinciale, de plus en plus de voix s’élèvent pour que les véhicules énergivores soient davantage taxés. Sûr que cela donnerait un bon coup de pouce à Sainte-Flavie dans sa quête de carboneutralité. Mais en attendant, la sensibilisation et la proposition d’alternatives à l’auto-solo sont les seuls instruments dont dispose la municipalité. Rendez-vous en 2022 pour voir si cela peut suffire…