
Il y a 25 ans, le Québec se lançait dans le développement du plus grand réseau cyclable d’Amérique : la Route verte, issue d’une idée de Vélo Québec, qui a bénéficié de l’appui du ministère des Transports (MTQ). « Le gouvernement de l’époque cherchait des projets rassembleurs qui allaient rallier les régions et la jeunesse », explique le coordonnateur au développement de la Route verte chez Vélo Québec, Nicolas Audet. Un quart de siècle plus tard, le succès est au rendez-vous : long de 5100 km, le réseau est plus étendu que ce qui était prévu au départ, et traverse pas moins de 382 municipalités.
Au fil des ans, la Route verte est devenue un moteur de développement touristique pour les régions. Elle dispose même de son propre label « Bienvenue cyclistes » pour l’hébergement : les campings y participant offrent quelques emplacements disponibles sans réservation pour ceux qui arrivent en vélo, ainsi qu’un abri pour cuisiner. Quant aux hôtels et gîtes certifiés, ils disposent d’un endroit sécurisé où ranger sa machine.
Cet été plus que jamais, on a pu constater à quel point le cyclotourisme était tendance. Nicolas Audet ne dispose pas encore des chiffres (ils seront compilés à l’automne), mais les quelques informations qui lui sont parvenues jusqu’à présent lui indiquent que le nombre de randonneurs en vélo « a considérablement augmenté. À plusieurs endroits, on nous dit que ça a doublé. » Les établissements bas-laurentiens et gaspésiens ont bien compris qu’il y avait des affaires à faire avec les bicyclettes : on en compte plus de 40 (campings et hôtels confondus) certifiés « Bienvenue cyclistes » sur la carte interactive de la Route verte, sur un total d’environ 500 pour l’ensemble du Québec.
Si le tour de la Gaspésie est populaire, impossible toutefois de savoir combien de personnes le font : il n’existe aucune station de comptage des cyclistes sur la route 132 au Bas-Saint-Laurent ou en Gaspésie (seulement une sur la piste cyclable du Petit-Témis, entre Rivière-du-Loup et Edmundston). À vrai dire, les deux régions semblent en retard par rapport au reste du Québec en ce qui a trait au développement du réseau cyclable : celui-ci y est composé en grande majorité d’accotements de route, et non de pistes « en site propre » (c’est-à-dire une voie réservée située hors d’une emprise routière, comme par exemple le sentier du Littoral à Rimouski).
Améliorations en perspective
Au Bas-Saint-Laurent, seuls 193 des 634 km de Route verte sont en site propre, et le Petit-Témis en accapare plus de 130 à lui seul. En Gaspésie, il n’y a que 44 km de piste cyclable en site propre sur 662 km de Route verte. Dans de nombreux endroits, des contraintes naturelles empêchent de construire des pistes cyclables, comme dans la partie nord de la péninsule où la route 132 est encastrée entre falaise et mer, obligeant les cyclistes à utiliser l’accotement.
Mais celui-ci n’est pas toujours idéal pour faire du vélo : entre Sainte-Madeleine-de-la-Rivière-Madeleine et Rivière-au-Renard, 85 km de route 132 ne répondent pas aux normes et ne sont donc pas encore reconnus comme faisant partie de la Route verte. En juillet, une femme de 25 ans y a perdu la vie.
« Au fur et à mesure que des segments de route doivent être refaits, le MTQ planifie des accotements asphaltés pour les mettre aux normes cyclables, explique Nicolas Audet. Il y a déjà environ 40% de ce tronçon où les accotements sont suffisamment larges, mais on ne veut pas baliser des petits segments de 2 km par-ci par-là. » Il faudra donc encore plusieurs années avant que cette partie de 132 soit reconnue comme faisant partie de la Route verte, permettant ainsi de boucler la boucle autour de la Gaspésie.
Une bonne nouvelle tout de même dans l’immédiat : le ministre des Transports François Bonnardel a annoncé il y a quelques semaines la poursuite des investissements dans le développement et l’amélioration de la Route verte, par le biais du programme Véloce III. Celui-ci permet notamment de parachever le réseau de la Route verte, mais aussi de développer des réseaux cyclables régionaux, et prévoit du financement pour leur entretien. Le moment est donc idéal pour les municipalités et les MRC de l’Est-du-Québec de mettre le réseau cyclable régional au niveau du reste du Québec…