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Un ancien conseiller municipal du Bic vivant désormais dans le district Sacré-Cœur, Jean-Roch Côté, dénonce ce qu’il décrit comme une « discrimination » à son endroit : ayant fait connaître par courrier postal son opposition au projet de redécoupage de la Ville de Rimouski, il n’a pas été convié par l’administration municipale à participer à la consultation publique organisée par le biais de la plate-forme Zoom, ce soir à 19 h.
« Des fois, je me qualifie moi-même de dinosaure », plaisante M. Côté, qui n’a pas internet à la maison, et donc pas de courriel. Toutefois, s’il avait reçu une invitation, il se serait arrangé avec une connaissance pour pouvoir se connecter et expliquer son opposition à la nouvelle carte électorale. Il regrette également que la Ville n’ait pas fait des propositions plus inclusives pour les gens peu à l’aise avec les nouvelles technologies, par exemple en installant une caméra dans une salle où les opposants auraient été invités à témoigner à tour de rôle.
Jean-Roch Côté a grandi au Bic, dont il a été élu conseiller municipal en 1976. Un an plus tard, il a déménagé dans le quartier Sacré-Cœur à Rimouski et a donc abandonné son engagement politique. Si la réforme du redécoupage électoral est adoptée telle que proposée par la Ville, M. Côté redeviendrait donc un résident de son ancien district du Bic, qui absorberait une partie importante de Sacré-Cœur. À ses yeux, cela représente un contresens historique. « Quand il y a eu la fusion, Le Bic voulait particulièrement conserver son aspect historique de village, et aussi une forme de ruralité. Il y a eu de grandes réunions publiques à l’église du Bic, les gens ont exprimé ce qu’ils voulaient, on leur a fait des promesses qui aujourd’hui seraient rompues. »
Il s’inquiète par ailleurs que l’on puisse démanteler le district Sacré-Cœur, qu’il définit comme une « paroisse quasi-fondatrice » de Rimouski : « La paroisse Saint-Germain a été fondée en premier. Puis, la population grandissant, il y a eu une extension vers l’ouest (Sacré-Cœur) et l’est (Rimouski-Est). »
Mais les considérations historiques sont totalement absentes du projet de redécoupage, et M. Côté en veut aux élus. « À la suite d’une présentation technique par des fonctionnaires qui avaient le mandat d’équilibrer des nombres dans chacun des districts, le rôle d’un conseil municipal, c’est de s’informer, de prendre le temps de réfléchir et de regarder si ça a du bon sens. »
2 heures 30 de réunion pour près de 100 opposants
94 lettres d’opposition ont été reçues par la Ville, selon l’agent aux communications Frédéric Savard, « quasi exclusivement par courriel ». Un courriel a été envoyé le 24 juillet aux auteurs de ces lettres pour les inviter à prendre la parole lors d’une réunion dont la durée maximale a été fixée à 2 heures 30. Mais les délais étant serrés, aucune lettre d’invitation n’a été envoyée par la poste, confirme M. Savard, qui nous a dit se renseigner auprès du service du greffe afin de s’assurer que tous les opposants soient contactés.
Notons toutefois que la participation à la rencontre Zoom n’est pas obligatoire, et les arguments exprimés dans les lettres d’opposition devront tout de même être considérés par la Ville même si leurs auteurs ne s’expriment pas de vive voix ce soir.
En attendant, pour se faire entendre, Jean-Roch Côté a d’ores et déjà écrit une première lettre ouverte (publiée par le journal Le Soir) où il dénonce une « décision mathématique » et non « raisonnée », et entend en écrire deux autres. Son intention est notamment d’apostropher le conseiller municipal du district de Sacré-Cœur, Sébastien Bolduc, qu’il considère absent dans ce débat. « Ce que je déplore actuellement, c’est que le conseil municipal nous sollicite pour donner toutes sortes de raisons concernant notre opposition. Fondamentalement, ça aurait été leur rôle de réfléchir à cette question des inconvénients et des désavantages de leur redécoupage. Et ils ne l’ont pas fait. »
MISE À JOUR: Suite à notre appel à la Ville de Rimouski, Frédéric Savard dit avoir contacté Jean-Roch Côté pour l’inviter à la rencontre, mais que celui-ci « n’a pas manifesté d’intérêt » à participer. M. Côté confirme avoir reçu l’appel, mais ne considère pas qu’il s’agit d’une invitation formelle. Il affirme qu’il lui a plutôt été expliqué que « la consultation Zoom [était] une plus-value qui s’adressait aux personnes qui avaient communiqué par internet ».