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Tourisme au Bas-Saint-Laurent : des inquiétudes, mais beaucoup d’atouts

Par Rémy Bourdillon le 2020/05
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Tourisme au Bas-Saint-Laurent : des inquiétudes, mais beaucoup d’atouts

Par Rémy Bourdillon le 2020/05

Dans le calme du Kamouraska, Pierre Lemire est à la fois impatient et optimiste. « On va vivre avec la situation, et on a espoir de pouvoir opérer pour une saison déjà écourtée », dit celui qui est directeur général de la SEBKA, un organisme de Saint-André qui offre camping, randonnées et escalade aux touristes. L’été 2020 risque d’être moins agité que les précédents, mais M. Lemire veut y voir du positif : « On va peut-être redécouvrir des choses qu’on avait moins pris l’habitude d’apprécier. Par exemple, plus de tranquillité. Ça peut nous rapprocher de la nature, et nous montrer qu’on n’est pas obligés d’aller dans le tapis tout le temps. »

Une exception dans un secteur touristique sinistré? Pas tellement. « Les gens sont inquiets mais zens, résignés à attendre que la situation sanitaire s’améliore », affirme le directeur général de Tourisme Bas-Saint-Laurent, Pierre Lévesque. La seule chose dont on peut être certain, c’est qu’il n’y aura pas de visiteurs internationaux cet été, les frontières étant fermées et le transport aérien quasiment à l’arrêt. Mais seuls 15% de ceux qui visitent le Bas-Saint-Laurent viennent de l’extérieur du Québec, rappelle M. Lévesque. « On est moins touchés que d’autres, parce qu’on est plus dans du tourisme québécois. »

Bien sûr, l’incertitude concernant les déplacements inter-régionaux et la date d’ouverture des restaurants cause des maux de tête à l’industrie. La main-d’œuvre va-t-elle se rediriger vers d’autres emplois si la saison a beaucoup de retard? Un restaurant qui ne peut remplir sa salle qu’à 50% sera-t-il toujours rentable? Certains établissements touristiques ont d’ores et déjà tranché, et décidé qu’ils n’ouvriraient pas cet été.

Mais le Bas-Saint-Laurent a de grands atout dans le contexte si spécial de la pandémie de covid-19. « Notre offre touristique s’adapte bien à la situation actuelle, assure Pierre Lévesque : on a des parcs nationaux, des grands espaces, des pistes cyclables. Ce sont des éléments qui permettent la distanciation sociale. On est à proximité des grands centres. Les gens vont chercher nos produits. » 

L’ère de la « microaventure »

En effet, le profil-type du touriste de 2020 (voire de 2021 ou 2022…) commence à émerger : affecté par la récession économique et refroidi par la fermeture des frontière, il privilégiera les séjours près de son domicile et évitera les lieux bondés. En Europe, la tendance est à la « microaventure » : un voyage sportif sur quelques jours, qui permet de redécouvrir des lieux jusqu’alors snobés au profit du Sahara ou de la Patagonie – et qui a l’avantage d’être beaucoup moins polluant. L’Amérique du Nord pourrait elle aussi être conquise par cette idée.

Chez Rikiki Campers, une entreprise de Rimouski qui loue des minivans aménagés afin de pouvoir camper n’importe où, on a déjà remarqué une évolution dans les désirs de la clientèle. « Normalement les gens voyagent 7 à 10 jours, mais cet été, j’ai l’impression qu’ils veulent miser sur des valeurs sûres : des plus petits voyages (autour de 5 jours), surtout au mois d’août, pour être sûr de ne pas devoir annuler », explique la porte-parole Marie-Lee Zia Albert.

Rikiki Campers a dû s’adapter rapidement aux nouveaux besoins des touristes, en permettant des annulations plus tardives ou en vendant des forfaits sans dates fixes, et travaille à anticiper leurs envies de demain. « Il faut se réinventer et faire preuve de souplesse, sinon on n’y arrivera pas. On aimerait offrir des forfaits clé en main, en collaboration avec d’autres entreprises de la région : par exemple, une fin de semaine de quatre jours incluant des activités sportives et des arrêts dans des petits restaurants. » Mais si le tourisme « national » devrait lui permettre de passer l’été, l’automne s’avère plus inquiétant pour la jeune entreprise : sa clientèle habituelle, à 60% européenne, raffole de cette saison.

Le problème semble être compris en haut lieu : « On a l’habitude de vendre la région aux gens de l’extérieur, mais on est en train de travailler sur une stratégie pour attirer une clientèle plus locale, explique Pierre Lévesque. On a une grande région : des gens du Témiscouata peuvent venir à Rimouski, et vice-versa. » Reste qu’il sera difficile de se passer des grands centres, poursuit-il : la moitié des touristes vient de Montréal. Tant que la métropole sera l’épicentre de l’épidémie de coronavirus au Canada, une certaine inquiétude continuera à se propager au Bas-Saint-Laurent.

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