Champ libre

As-tu vraiment besoin de manger, Nicole Testa?

Image
Champ libre

As-tu vraiment besoin de manger, Nicole Testa?

Dans le cadre de cette rubrique, Le Mouton Noir présente une ou un artiste du Bas-Saint-Laurent. Avec l’autorisation de Coline Pierré et Martin Page, Le Mouton Noir s’est inspiré du collectif que ces auteur·e·s ont publié en 2018 aux éditions Monstrograph, Les artistes ont-ils vraiment besoin de manger?, un recueil de 35 questions posées à 31 artistes sur leurs conditions de vie, de travail, de création.


Ton autoportrait :

Amoureuse des mots, artisane de l’imaginaire, je milite auprès des enfants en faveur du plaisir de lire, depuis près de 30 ans. Je trouve dans la littérature jeunesse de quoi combler mon appétit monstre pour le merveilleux. J’aime les gens qui me poussent à réfléchir et les histoires qui m’émerveillent. J’aime le calme, celui des arbres. La solitude, celle de la forêt. J’ai aussi la fougue des Italiens. J’écris des histoires pour mettre des paillettes dans les yeux, les miens et ceux des enfants. J’ai du fil à merveille à profusion.

Que réponds-tu quand on te demande quel est ton métier?

Que je travaille dans une bibliothèque et que j’écris des histoires pour les enfants.

Créer, c’est quoi?

C’est m’éclipser. C’est le plaisir de mijoter des histoires. C’est jouer avec les mots, les agencer pour qu’ils nous emmènent ailleurs.

À qui t’adresses-tu quand tu crées?

Aux enfants. J’aime les écouter parler, leur vision du monde m’inspire. J’aime leur poser des questions qui déroutent comme c’est quoi un papa, à quoi ça sert? Les réponses sont savoureuses! Ça me permet de rester connectée sur l’esprit de l’enfance. Quand on a la chance de côtoyer les enfants en dehors de leur métier d’élèves, on découvre toute leur valeur. Parfois les adultes se retrouvent aussi dans ce que j’écris… forcément, ce sont d’anciens enfants.

Est-ce que parfois tu en as marre?

Jamais marre d’écrire. C’est le manque de temps qui m’affecte. J’ai plusieurs histoires qui se ruent à ma porte. Mais pour qu’elles se déploient, il faut des périodes de rêveries, pouvoir vagabonder dans mon esprit. Une idée a besoin de mûrir. Oui, j’en ai marre de ne pas trouver de temps. Ambroise et son Biriambroum, le Groméchantquelquechose, Ombrella Pompelmo, Alexis et ses pépins du quotidien, Victorine qui cherche comment fabriquer de la musique attendent que je prenne des vacances avec eux.

Qu’est-ce qui te sauve?

Mon imagination. Elle est un refuge. Elle m’aide à traverser la vie. Créer pour les enfants m’entoure de plénitude.

Qui sont tes alliés?

Les enfants. Les proches. Les éditions Dominique et compagnie et Annie Boulanger, l’illustratrice avec qui je travaille. Mathilde, la directrice littéraire qui sait parler la langue de l’imaginaire. Les fées-marraines que je croise et qui m’encouragent à poursuivre.

Qu’est-ce qui est choisi ou subi dans tes conditions de travail?

Je subis ce que je choisis. J’ai choisi de consacrer mon temps à mon travail en bibliothèque. J’ai choisi la sécurité, je subis la sécurité. Heureusement, j’ai un petit chemin de traverse pour faire un saut dans l’écriture, mais je l’emprunte comme on prend des vacances, quelques jours par année. J’écris les jours de congé. Dans les interstices qui apparaissent parfois, le matin tôt ou entre deux bouchées.

Qu’y a-t-il dans ton frigo?

Un joyeux fouillis de vert, de rouge, d’orange. Du lait d’avoine à la vanille. De l’houmous pour faire trempette. Dans la porte, il y a des moutardes, à l’estragon, au miel, à l’ancienne, ça rehausse. Des noix, surtout les Grenoble parce que mon petit-fils les adore. Mais attention! Ouvrir la porte de mon frigidaire est périlleux. Les aliments peuvent vous sauter dessus! Dans mon entourage on dit à la blague : Ah! Le frigidaire à Nicole!!!

As-tu vraiment besoin de manger?

Hum, hum, pour nourrir l’organisme vivant que je suis. Mais dès que je rejoins mes personnages, je n’ai plus faim… dans l’imaginaire, il n’y a pas de frigo.

Jamais marre d’écrire. C’est le manque de temps qui m’affecte. J’ai plusieurs histoires qui se ruent à ma porte. Mais pour qu’elles se déploient, il faut des périodes de rêveries, pouvoir vagabonder dans mon esprit. Une idée a besoin de mûrir. PHOTO : Michel Dompierre

Dans le cadre de cette rubrique, Le Mouton Noir présente une ou un artiste du Bas-Saint-Laurent. Avec l’autorisation de Coline Pierré et Martin Page, Le Mouton Noir s’est inspiré du collectif que ces auteur·e·s ont publié en 2018 aux éditions Monstrograph, Les artistes ont-ils vraiment besoin de manger?, un recueil de 35 questions posées à 31 artistes sur leurs conditions de vie, de travail, de création.

Pour en savoir plus : www.monstrograph.com

Partager l'article

Image

Voir l'article précédent

Ici ailleurs d’autres spectres au Bas-Saint-Laurent

Image

Voir l'article suivant

Redonner vie au patrimoine