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35 ans de courage, d’espoir et de féminisme

Par Charlotte Huard et Marie Nicolas le 2020/03
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35 ans de courage, d’espoir et de féminisme

Par Charlotte Huard et Marie Nicolas le 2020/03


Le 20 janvier dernier, La Débrouille, maison d’aide et d’hébergement pour femmes et enfants victimes de violence conjugale, lançait une campagne vidéo de sensibilisation et de financement ayant pour thème « C’est possible de vivre sans violence ». Des femmes et des intervenantes courageuses ont décidé de s’unir avec force et résilience pour que toutes et tous prennent conscience de la gravité de la violence conjugale.

Encore aujourd’hui, au Québec, une femme sur cinq vit ou vivra de la violence conjugale au cours de sa vie. Les jeunes femmes de 18 à 29 ans représentent le tiers des victimes, ce qui indique que la violence conjugale n’est pas en décroissance. De fait, tous les mois au Québec, une femme est assassinée par son conjoint ou son ex-conjoint. Il est plus que temps de considérer la violence conjugale comme une problématique sociale. La violence prend racine dans un système patriarcal et capitaliste qui régit nos manières de penser et d’agir. En d’autres mots, s’il y a encore aujourd’hui de la violence conjugale, c’est que notre système la perpétue et la tolère. Pensons au système judiciaire qui discrédite et vulnérabilise les victimes en reconnaissant difficilement la violence conjugale, l’associant plutôt à un conflit interpersonnel. La femme victime doit faire la preuve que sa propre sécurité est menacée, tandis que les magistrats connaissent peu ou pas la complexité et l’ampleur de la violence conjugale. Seule une restructuration politique, juridique et sociale profonde permettrait aux femmes de vivre dans un monde égalitaire et sans peur. La responsabilisation de tout un chacun est aussi cruciale, et La Débrouille est consciente que pour agir contre la violence conjugale, il faut la comprendre et la démystifier. Le programme d’activités du 35e anniversaire de l’organisme, qui sera dévoilé au cours des prochains mois, s’inscrit donc dans cette visée de sensibilisation, de mobilisation et de prise de conscience collective. Lorsqu’une femme vit de la violence conjugale, c’est toute la communauté qui est concernée.

« C’est possible de vivre sans violence » est aussi une campagne de financement. Les maisons d’aide et d’hébergement pour les femmes et les enfants victimes de violence conjugale sont sous-financées. Depuis 2004, le financement du gouvernement provincial n’a pas été reconsidéré ni ajusté aux besoins des maisons. Le manque à gagner est de 400 000 $ annuellement, et les demandes d’aide sont de plus en plus nombreuses. La Débrouille sollicite donc le soutien et la générosité de la population pour continuer d’offrir tous les services nécessaires pour aider les victimes, mais aussi pour contrer la problématique sociale de la violence conjugale. Les fonds amassés lors de cette campagne serviront, entre autres, à investir dans le volet de la sensibilisation dans la communauté, à assurer la présence continue de deux intervenantes pour répondre aux besoins dans la maison, à payer les frais de transport des femmes et des enfants (La Débrouille couvre un grand territoire), ou encore à les aider lors de leur réorganisation de vie tant sur le plan humain que matériel. Un gala-bénéfice aura lieu le 11 juin prochain au Vieux Théâtre de Saint-Fabien. L’auteure et actrice Sarah-Maude Beauchesne sera la porte-parole de l’événement. Les artistes Stéphanie Boulay et Mélanie Ghanimé feront des prestations solos.

Le 35e anniversaire de La Débrouille est un moment charnière pour l’organisme. Il lui permet de déployer ses forces, de poursuivre ses luttes et de rappeler son importance indéniable au sein de la collectivité. Sa mission s’imbrique aux efforts de toutes celles qui au quotidien tentent de faire chavirer le grand navire de la violence pour que les femmes et les enfants vivent dans un monde épanouissant, bienveillant et juste. Cet anniversaire teinte ainsi l’horizon d’espoir, car « C’est possible de vivre sans violence »

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