
Arrivée au Québec en 2015, j’ai passé mon premier hiver au Saguenay. Citoyenne française, européenne naïve, j’avais cru bon de trouver un vélo pour effectuer mes déplacements quotidiens. Lorsqu’un conducteur de pick-up m’invectiva du haut de son véhicule en me conseillant de m’« acheter un char, câlisse », je finis, penaude, par prendre le bus et adopter la marche. L’équation faire du vélo, en hiver, en région, au Québec me semblait alors relever de l’impossible, à la fois du fait des infrastructures et de la mentalité. Cependant, ensuite installée à Rimouski, je récidivais en faisant l’expérience sur plusieurs saisons. Je ne peux pas dire que circuler à deux roues a été facile, mais l’accueil semblait plus cordial. Plusieurs automobilistes faisaient preuve de civisme en me laissant la priorité aux intersections et souriaient parfois à mon approche, voire m’encourageaient!
Pleine d’enthousiasme, je tentais de militer dans mon entourage pour la pratique du vélo au quotidien en Amérique du Nord, rien de moins! La tâche n’étant pas mince, je finis par m’intéresser aux activités mal connues d’un groupe de bénévoles chevronnés qui participent à promouvoir le vélo depuis plus de 25 ans : l’Association Rimouski Ville Cyclable (ARVC). Les bénévoles travaillent non seulement à la promotion du transport actif, mais aussi au développement du réseau cyclable. Ils ont d’ailleurs déposé en 2012 un plan de mobilité active, adopté par le conseil municipal de l’époque. Où en sommes-nous en 2019? Le conseil municipal actuel semblerait vouloir repenser à nouveau le plan de mobilité. Soit, si cela peut aider à développer de nouvelles énergies et cibler des priorités, mais il ne faudrait pas que cette création d’un énième plan stagne pour une réalisation hypothétique d’actions d’ici 2030… D’après le coordonnateur de l’ARVC, Michel Cloutier, la priorité de l’association est « la création d’un réseau cyclable complet de qualité afin que Rimouski puisse devenir une ville d’avant-garde sur le plan de la mobilité active ». Je dirais plutôt, une ville à l’écoute d’un grand nombre de ses concitoyens, de plus en plus sensibilisés, ouverts aux expériences menées dans d’autres villes à l’échelle internationale et prêts à changer de mode de transport. C’est un fait vérifiable : lorsque des infrastructures cohérentes sont proposées, les usagers, parfois encore réticents par crainte pour leur sécurité ou celles de leurs enfants, vont enfin envisager de laisser leur auto au garage pour adopter le vélo. D’ailleurs, Michel Cloutier le souligne fortement : si vous êtes impatient que les infrastructures se développent, « l’ARVC a besoin de votre mobilisation pour penser à la ville de demain, plus cyclable, plus écologique ».
L’association organise plusieurs activités phares. Le traditionnel Vélo Bazar qui a eu lieu la fin de semaine des 4 et 5 mai permet la vente, le don ou l’achat de vélos. Quatre-vingts bénévoles de tout âge participent chaque année à l’événement. À souligner également, le travail des vélos-patrouilleurs, une équipe de bénévoles qui assurent la sécurité tout au long de la saison d’ouverture du réseau cyclable. Rappelons aussi la tâche du comité des infrastructures qui s’active à faire avancer les dossiers auprès des différents partenaires de la région. Pour fêter ses 25 ans, l’association prépare d’autres activités, dont un atelier de mécanique de base.
Saviez-vous que mai est le mois du vélo au Québec? Initiative lancée en 2015 par l’organisme Vélo Québec, mai a été choisi comme moment opportun pour diffuser de l’information utile à tous les cyclistes afin de rendre leurs sorties et leurs déplacements plus conviviaux. Je ne rap-pellerai pas tous les bienfaits mentaux et physiques qu’on peut tirer de cette manière de se déplacer. Je ne rappellerai pas non plus combien coûte le litre d’essence, ni combien de gaz polluants génèrent de très courts déplacements en automobile. En fait, la « petite reine » pourrait faire en sorte qu’on arrive au travail et aux activités de meilleure humeur et en meilleure santé, alors qu’attendez-vous? Que ce soit pour des déplacements quotidiens, une grande randonnée sportive ou une sortie familiale, petits et grands peuvent profiter des six prochains mois pour enfourcher montures et pour « rouler jeunesse ». Ah oui, plusieurs études montreraient qu’adopter un « biclou » augmenterait l’espérance de vie de quelques années, voire permettrait de réduire les frais médicaux. Alors, bon vent!