
Désirant regarnir ses murs en vue d’un événement réunissant des femmes d’affaires de la région, Jérôme Bérubé, directeur de la Salle d’exposition B, a proposé à deux artistes de la région d’agencer leurs œuvres en une exposition unique. Deux artistes, deux générations, deux médiums : Marie- Michèle Carrier, connue pour ses réalisations à l’encre et à l’aquarelle, a répondu à l’appel avec Fernande Forest, artiste d’expérience spécialisée en photomontage. Les deux femmes ont fourni des œuvres et laissé la mise en espace à la discrétion du directeur.
Amalgame
Les œuvres de Forest ont été glanées dans son large matériel d’expositions et apparaissent comme un heureux échantillonnage nous invitant dans le prisme de sa créativité. L’inspiration lui vient du vivant, essentiellement de la nature et de l’humain. Une intéressante entrée en matière pour ceux et celles qui ne connaîtraient pas l’artiste dont la pratique évolue depuis plus de 25 ans. (Elle dispose d’ailleurs d’une galerie-boutique à l’Anse-au-Sable, pour les intéressés.) Ses œuvres, de plus grand format que les planches de sa coexposante, sont pour la plupart riches de couleurs, de motifs, voire de textures.
Les dessins de Carrier, qui s’intercalent dans les impressions de Forest, sont tous issus d’un même « projet », lui-même circonscrit à une courte période récente. En effet, l’artiste a dû se rabattre sur les pastels, un médium selon elle plus propice à la spontanéité, quand un accident l’a temporairement privée de certaines capacités motrices et de concentration. C’est pourquoi les œuvres exposées représentent toutes des portraits fictifs, itérations d’un même visage. Selon Carrier, la répétition permettait la survie de l’acte créateur, tout en insufflant un effet sécurisant, dans ce contexte tout particulier.
Si les deux artistes abordent en entrevue la compatibilité de leur monde respectif dans le cadre de cette expo, on ne peut s’empêcher d’être légèrement déstabilisé par la juxtaposition : le monde de Fernande Forest s’ouvre sur les possibles, en superposant diverses idées pour un rendu plutôt éclaté, tandis que les portraits de Marie-Michèle sont plaqués, condamnés au déjà-vu et à l’isolement : la femme dépeinte se présente toujours seule dans son cadre au décor absent — à l’exception d’un, où elle est visitée… par son double.
Vous n’avez pas tout vu
Si Carrier expose rarement le fruit de son art — on la connaît comme une artiste quelque peu timide, peu encline à se mettre en vitrine —, ajoutons que les œuvres présentées n’étaient pas destinées, en outre, à être exposées. En effet, Jérôme Bérubé s’était donné pour mission de convaincre la jeune femme de présenter ce cycle créatif particulier. Sa démarche débouchera d’ailleurs sur une exposition entièrement consacrée aux vingt-sept œuvres dont elle a accouché durant sa convalescence. Cette suite logique, qui jouira cette fois d’un vernissage en bonne et due forme, devrait être présentée au courant du mois de novembre. Suivez la page de Coiffure B Jérôme pour demeurer à l’affût des expos et des autres événements !