La liberté d’expression permet à un journal d’être bête et méchant même s’il le fait gratuitement. C’est à ce genre d’exercice que s’est livré Le Mouton Noir dans la Chronique d’un faux médecin de campagne publiée dans le numéro de mai-juin 2018 qui s’intitule « Québec suicidaire ».
D’entrée de jeu, l’auteur de la chronique s’en prend à Vincent Marissal, ex-chroniqueur politique à La Presse devenu candidat de Québec solidaire dans Rosemont. S’étonnant que ce dernier défende le programme du parti dont il porte maintenant les couleurs, Pierre Landry commente : « Pas mal pour un ancien scribe de l’empire Desmarais et pour quelqu’un qui a cherché jusqu’à tout récemment à s’accrocher à la mamelle de Justin Trudeau! »
Dois-je confesser que j’ai été moi-même « scribe » à La Presse où j’ai occupé le poste de chef de pupitre chargé de la salle de rédaction, comme je le relate d’ailleurs dans le livre publié récemment, Paul Cliche, un militant qui n’a jamais lâché. Je ne crois pas que cela m’ait disqualifié pour entrer à l’emploi de la CSN par la suite. Au contraire, l’expérience que j’ai acquise dans cette fonction m’a permis d’être un meilleur militant syndical. Pourquoi n’en serait-il pas ainsi de Marissal qui a été un chroniqueur politique compétent et respecté?
Le chroniqueur du Mouton Noir prétend aussi que ce dernier se serait « accroché à la mamelle de Justin Trudeau ». Il s’agit là d’une affirmation qui fait image, de celle qu’un auteur affectionne. Le seul problème, cette fois-ci, est qu’elle n’est pas exacte. Marissal a en effet discuté avec des organisateurs libéraux fédéraux de la possibilité de se présenter pour leur parti, mais il a finalement opté pour Québec solidaire où tout ce qu’il peut espérer, s’il vainc Jean-François Lisée, est d’obtenir un siège sur la rangée arrière des banquettes de l’Assemblée nationale. Il a manqué de transparence lorsque des journalistes l’ont interrogé à ce sujet, il a toutefois fait son mea culpa quelques jours plus tard. Je comprends que ses adversaires politiques lui reprocheront cette erreur jusqu’aux élections pour affaiblir sa crédibilité. Les médias peuvent aussi en parler sempiternellement si bon leur semble, mais qu’ils le fassent en respectant les faits. De par sa nature, une chronique, fut-elle d’humeur, est de commenter l’actualité non de la déformer.
Quant à moi, je connais Vincent comme cocitoyen dans Rosemont où il élève sa jeune famille et participe depuis des années aux activités communautaires du quartier. Voilà un portrait beaucoup plus conforme à la réalité que celui du personnage profiteur dont on tente de l’affubler pour des raisons bassement partisanes au risque de leurrer des gens de bonne foi qui diffuseront cette image préjudiciable à sa réputation d’homme public.
De plus, le titre de la chronique, « Québec suicidaire », est ambigu si on ne prend pas le temps de la lire en entier. On pense qu’il vise exclusivement Québec solidaire alors que l’auteur peint un tableau plutôt sombre de l’ensemble de la société québécoise.