Hommage au communautaire! Les organismes d’action communautaire autonome, ce sont des gens d’une communauté qui, face à une problématique sociale, se mettent ensemble pour trouver des solutions. Des questions? Dit de même, c’est magnifique.
Mais malheureusement, depuis 15 ans, ils ont de moins en moins d’influence, car les gouvernements ont dépolitisé le communautaire avec des politiques néolibérales. Les organismes communautaires sont un choix alternatif aux services publics, mais encore plus, ils favorisent la participation citoyenne et proposent et trouvent des solutions qui ont souvent été récupérées par les partis au pouvoir, par exemple les CPE et les CHSLD, la Charte des droits et libertés du Québec. Repolitiser les organismes communautaires, c’est leur donner la possibilité et les moyens d’être des acteurs politiques.
Pour la prochaine campagne électorale, le défi que je lance aux candidats et aux candidates, c’est de nous parler de justice sociale avec des vrais mots, et pas dans ce charabia technocratique de la bonne gouvernance, cette novlangue managériale. Tous ces mots sans sens historique, sans prise sur le réel : égalitariste, pragmatique, réaliste, lucide, queer politique, centriste, le gros bon sens, sans idéologie, fin des clivages, ni de droite ni de gauche bien au contraire, et le grand vainqueur de toute cette insignifiance : le mot changement. C’est une langue dépolitisée. J’y comprends que dalle à ce que vous dites.
Mais on est chanceux, les temps changent! Parce que c’est devenu à la mode d’être progressiste. Pas compliqué, à partir de maintenant, tous les partis se positionnent comme progressistes. J’imagine les candidats marcher dans les rues pis crier : « Progressiste! » en pointant du doigt. Un écureuil végétarien : progressiste! Quelqu’un qui lave son driveway avec de l’eau biodégradable : progressiste! Un chauffeur de Téo Taxi qui urine dans une bouteille en plastique en 15 secondes : progressiste! La corruption : progressiste!
Juste avant les élections, tous les partis sont anti-élites, mais après les élections, y sont là pour défendre les plus forts, les plus gros, les plus riches : pro-Uber, pro-Netflix, pro-pétrolière, pro-pipeline, pro-patronat, pro-ductivisme pis, avec ce qui me fond au ventre, y sont pro-biotiques!
Les organismes communautaires luttent contre la pauvreté. Il y a 800 000 personnes pauvres au Québec. La pauvreté, c’est une violation des droits humains. Les droits humains, c’est-tu des vrais droits ça? Le droit à la propriété, ça oui! C’est un vrai droit bien protégé par la police pour qui une vitrine de McDo cassée vaut bien un coup de matraque sur la fontanelle. Mais les droits sociaux, c’est-à-dire le droit au logement, le droit à un revenu décent, le droit à la santé, à l’éducation, bref, les droits qui existent pour protéger les gens contre l’exploitation par le système capitaliste, ça, c’est idéaliste, idéologique, irréaliste, c’est pour les pelleteux de licornes, des utopistes mangeurs de patchouli.
Le capitalisme, c’est comme le fascisme, mais avec des gants blancs. C’est aussi meurtrier, mais plus raffiné. C’est comme Luka Rocco Magnotta avec un monocle. « Oui, mais on peut le transformer en capitalisme à visage humain? » Le capitalisme à visage humain, pis quoi encore, le néonazisme en patin à roulettes, Trump en unicycle? « Je suis pour la misogynie respectueuse. Je suis pour le progressisme conservateur. Je suis d’extrême centre. » Ah! L’extrême centre est une position de yoga, mais certainement pas une position politique. L’extrême centre parle de guerre propre, boit du Pepsi mais diète, appelle son fils Adolf Nadeau-Dubois, va au DIX30 mais avec des sacs réutilisables : l’extrême-centre-d’achats. Acheter, c’est voter!
Si ça paraît pas tant que ça les compressions dans les services publics, c’est parce que les organismes communautaires ont servi de tampon entre les coupes et les gens saignés à blanc! L’austérité est commanditée par Always avec ailes.
Les organismes communautaires veulent des réponses claires, des engagements concrets. Parce que les réponses sont pas toujours évidentes. Si les tests de grossesse étaient faits par la CAQ, on y lirait : « Ni oui ni non, on verra dans neuf mois. »
Les élections sont à nos portes fa qu’on va entendre des phrases comme : « Peu importe pour qui vous votez, l’important c’est de voter. » NON! La démocratie, c’est plus qu’un vote tous les quatre ans! La démocratie, c’est la participation citoyenne, c’est la rue, c’est les manifestations. Pis des organismes communautaires, ben oui, ça organise des manifestations, pis les gouvernements aiment pas ça les méchantes manifestations, ils préfèrent généralement les gentilles boîtes à idées. C’est plus constructif, moins « violent ». Mais qu’est-ce qui est le plus violent selon vous, une manifestation pour des logements sociaux ou consacrer 80 % de son revenu à un logement insalubre, pis crever de faim le restant du mois?