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Josée Bourgoin, sculpteure d’urnes funéraires

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Josée Bourgoin, sculpteure d’urnes funéraires

En août 2017, Le Mouton Noir rencontrait Josée Bourgoin à la Maison culturelle Armand-Vaillancourt. Cet organisme à but non lucratif est installé au cœur de Saint-André-de-Kamouraska, dans les murs de la Vieille-École, édifice patrimonial dûment revitalisé. Il fait grand place à la jeunesse, vise l’éveil à l’art contemporain et diffuse la culture dans un village à l’effervescence artistique affichée. En effet, depuis deux ou trois ans, de dix à quinze pour cent des membres de la Corporation des métiers d’art du Bas-Saint-Laurent y ont élu domicile, affirme Josée Bourgoin, sculpteure et tourneuse sur bois.

Qu’on ne s’y trompe pas. « Ce n’est pas parce que c’est régional que la qualité n’est pas là. Moi, l’année prochaine, j’expose aux États-Unis. » D’ailleurs, poursuit la fondatrice de Vitalis, on devrait donner beaucoup plus de crédit à ce qui se fait en région. « C’est plus difficile de survivre ici, alors si on y arrive, c’est qu’on est vraiment bons. On n’a pas le choix d’être polyvalents, prolifiques, de se démarquer. »

Et Josée Bourgoin, assurément, se démarque. Ses urnes funéraires tout en courbes sont un hommage à la beauté, à la douceur, à l’humanité, des œuvres uniques qui métissent objet fonctionnel, expression artistique, émotion et écologie. Josée Bourgoin fabrique du beau. Pour adoucir la mort, apaiser les proches.

Mais comment en vient-on à s’intéresser à la création d’un objet comme celui-là? « C’est un parcours de vie. Mon conjoint et moi, on a perdu un premier petit bébé. Avec mon père, qui était ébéniste, on a fait la première petite urne. On ne voulait pas aller à la maison funéraire. On voulait vraiment faire quelque chose de spécial. Ça a été la première approche. Pendant ce temps, mon père avait le cancer. Les décès, les naissances se succédaient. J’ai deux enfants maintenant. Clémence avait neuf mois quand mon père est décédé. Pendant ces cinq années, la vie, la mort se sont côtoyées. Pour moi, il fallait que la mort aille avec la vie. »

L’humain avant tout

Depuis, cet absolu n’a cessé de se déployer : offrir un service personnalisé qui a su, en son temps, réconforter l’artisane, c’est le projet de vie de Josée Bourgoin. De plus en plus, la sculpture qui couronne l’urne s’accompagne d’un aimant. On peut ainsi ne conserver que la sculpture une fois l’urne mise en terre. La vie prend le relais de la mort. « Le rôle de l’artisan dans la société, c’est d’offrir un service de proximité, de mettre son savoir-faire au service des gens pour avoir un produit sur mesure. Ça amène quelque chose qui est fondamentalement humain. La mort… c’est triste, mais il y a quand même quelque chose de chaleureux. »

D’autant plus que les clients, s’ils le souhaitent, interviennent dans le processus créatif. Josée Bourgoin pointe une urne surplombée d’une colombe. « Ça, c’est pour une madame qui s’appelle Colombe. Pour sa famille et puis pour elle, c’est important, ça a du sens. Colombe, elle est toute contente de participer à ma démarche de création, de me soutenir. On aime ça, dans un moment fort, savoir qui a fait les objets qui nous réchauffent le cœur. »

À l’évidence, il s’agit là d’une autre façon de célébrer la vie. Dans toute sa splendeur.

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