Non classé

Le carnaval des guignards

Par Marie-Noelle Brousseau le 2017/10
Image
Non classé

Le carnaval des guignards

Par Marie-Noelle Brousseau le 2017/10

Dans un quartier populaire de Montréal, on s’affaire à préparer une grande célébration pour l’anniversaire de Polo, l’usurier du quartier. Sans ce « bienfaiteur », plusieurs mal nantis du voisinage n’arriveraient pas à se loger ou à boucler leur fin de mois. 

C’est Amédée Croteau, poète déplumé dont le prestige a atteint la date de péremption qui se charge des préparatifs, et il est hors de question de servir du spaghetti. Il engage un chef et sa brigade pour servir mets raffinés et vin, quitte à demander dix dollars de frais d’admission aux bougres qui veulent se joindre à la fête.

Et il y a aussi Carmen, qui s’est endettée auprès de Polo pour le pacemaker de sa fille, Francine, et cette dernière n’est pas dupe de leur entente de paiement. Écœurée de ce manège, l’adolescente décide, avec son ami Ti-Guy, d’assassiner Polo. Julien, le livreur de restaurant secrètement amoureux de Carmen, n’hésitera pas à se joindre à eux.

Mais si leur plan ne se déroulait pas comme prévu, aurait-on l’impression, pendant quelques secondes, de nous retrouver devant une parodie de Hitchcock avant de basculer dans une gauloiserie où les rois de la soirée seront détrônés au lever du jour?

Tourné au coin des rues Rachel et Saint-Denis à l’époque où le Plateau n’avait rien de bourgeois-bohème, L’eau chaude, l’eau frette est probablement le film le plus réaliste d’André Forcier. Malgré les stéréotypes, les acteurs savent nous rendre attachants ces personnages authentiques, faits de chair, qui carburent à l’instinct de survie plutôt qu’aux civilités. Le réalisateur dépose une loupe qui accentue leurs travers, leurs misères, mais aussi leur capacité à trouver le bonheur et l’espérance dans un rien. Et c’est là qu’apparaît le carnavalesque dans l’œuvre de Forcier qui fait désormais parti des classiques de notre cinéma. Dans l’affection et l’humour de ces gueux qui se font rois l’instant de deux hot-dogs moutarde-choux ou de l’espoir d’un amour avant qu’il n’échoue.

Le film sera présenté mardi 3 octobre 20h au Paradis

 

 

Partager l'article

Image

Voir l'article précédent

L’ensorcelant

Image

Voir l'article suivant

Poésie enfantine en pays Crie