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50 ans de cégeps

Par Kurt Vignola le 2017/09
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50 ans de cégeps

Par Kurt Vignola le 2017/09

Il y a cinquante ans, le Québec allait de l’avant avec la création des cégeps, les collèges d’enseignement général et professionnel. Le réseau collégial compte aujourd’hui 53 cégeps, 25 établissements privés subventionnés, 33 établissements privés sous permis, 21 écoles spécialisées et 49 centres collégiaux de transfert technologique. Chaque année, environ 178 000 étudiants fréquentent un cégep, dont 78 000 nouveaux inscrits. L’ensemble du réseau est financé à hauteur d’un peu plus de 1,7 milliard de dollars annuellement. Qu’est-ce que ce réseau apporte aux Québécois?

La création des cégeps sera sans doute amplement soulignée cette année. Ce qu’il faut mentionner à propos de cet événement est que la situation de l’enseignement « postsecondaire » québécois d’avant 1967 ne constituait certes pas un idéal. Le système scolaire regroupait alors des éléments issus de plusieurs époques successives : de la Nouvelle-France jusqu’en 1760, du régime anglais à partir de 1763 ou du passage à une société industrialisée à partir de 1840. Les bouleversements du XXe siècle ont entraîné une adaptation du système scolaire qui est devenu une sorte de mosaïque, un « patchwork » qui n’a pas pu survivre aux importants changements socio-économiques et politiques qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale. Parmi les problèmes de ce système scolaire, notons l’accès limité à une certaine élite, l’accent mis sur une formation classique débouchant idéalement sur la prêtrise, la sous-qualification du corps enseignant, l’inadéquation entre les formations offertes et les besoins du marché du travail, l’arrimage déficient entre les différents ordres d’enseignement, un sous-financement chronique, une gestion fragmentée et une couverture géographique incomplète du territoire québécois.

En 1967, l’arrivée des cégeps avait pour but de combler les lacunes du système éducatif au postsecondaire. Ces établissements sont apparus après une réorganisation des ordres primaire et secondaire. En 1967, le cégep était d’ailleurs un animal peu défini. Seuls quelques paramètres généraux étaient énoncés afin de permettre aux communautés de concevoir une institution qui pourrait simultanément s’insérer dans le nouveau système éducatif du Québec tout en correspondant aux particularités locales. De ce point de vue, la mission semble accomplie.

Depuis leur création, les cégeps ont tout d’abord permis d’accroître significativement l’accès à l’enseignement postsecondaire. Prenons l’exemple de Rimouski, alors que le Séminaire accueillait en tout 755 élèves en 1964-1965, le cégep compte 1 703 élèves en 1967. La probabilité d’accéder au collégial est aujourd’hui de l’ordre de 65 %, alors que la probabilité d’entrer à l’université se situe autour de 45 % — des chiffres impensables avant 1967.

Sur le plan pédagogique, les différents ordres de formation (primaire, secondaire, collégial et universitaire) sont maintenant arrimés, les programmes de formation sont rationalisés en fonction de la nature des compétences développées et d’un profil de sortie. Les deux grandes « familles » du cégep – le préuniversitaire et le technique – partagent une formation générale commune dont le but est de permettre le développement de compétences personnelles et citoyennes. Les enseignants donnent des cours dans une discipline pour laquelle ils ont été formés et diplômés. 

Des cégeps vivants

Liés au milieu, les cégeps constituent des moteurs de développement. Si cela ne se voit peut-être pas clairement dans les zones à forte urbanisation, les régions périphériques bénéficient considérablement de leur présence. Sur le plan culturel, le cégep est une importante source de dynamisme, car tant les enseignants que les étudiants s’impliquent dans leurs milieux sur la scène musicale, en théâtre, en improvisation, en création littéraire, etc. Dans le domaine scientifique, plusieurs enseignants du collégial effectuent des travaux de recherches, publient leurs résultats et enrichissent la production scientifique régionale. Le cégep est un lieu d’expérimentation technologique majeur, souvent associé à des entreprises locales qui bénéficient d’une aide précieuse en recherche et développement. Des équipes sportives et des athlètes basés dans ces établissements représentent les régions du Québec ici et ailleurs. Les activités de plusieurs cégeps permettent à leur région et à l’ensemble du Québec de rayonner à l’international. Leurs budgets retournent en grande partie dans l’économie régionale et leur simple présence attire du personnel qualifié qui vient enrichir le bassin de compétences de la population locale.

Après cinquante ans, on peut affirmer que les cégeps ont permis de consolider le système scolaire québécois. Ils ont contribué à démocratiser l’accès à l’éducation postsecondaire et à améliorer le dynamisme et la vitalité des régions qu’ils desservent. Plus qu’une maison d’enseignement, un cégep est aujourd’hui un outil majeur de développement pour une collectivité.

 

 

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