Champ libre

Le temps du paysage, d’Hélène Dorion, s’installe au bord du fleuve

Par Pénélope Mallard le 2017/07
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Champ libre

Le temps du paysage, d’Hélène Dorion, s’installe au bord du fleuve

Par Pénélope Mallard le 2017/07

Le temps du paysage, c’est un livre, primé, paru chez Druide en 2016, et une exposition, combinant tous deux texte et photographies avec une extrême poésie. Le projet a vu le jour à l’issue d’une résidence d’artiste à Umbertide, en Italie. Bien vite, l’auteure se rend compte que le paysage lui révèle son horizon intérieur; la frontière entre le dedans et le dehors s’estompe alors.

L’exposition « qui se promène pour faire vivre une expérience artistique, photographique et du texte » se décline, comme le livre, en trois parties, présentées jusqu’à la fin septembre dans trois hauts lieux patrimoniaux du Bas-Saint-Laurent. Ainsi, Le temps neuf a-t-il pris ses quartiers au Château Landry, à Mont-Joli; Les brouillards nécessaires se sont installés au Vieux Presbytère de Sainte-Flavie; et Le feuillage du présent se déploie, quant à lui, à la Villa Estevan, dans les magnifiques Jardins de Métis.

Précisons qu’ici, le texte n’explique pas les photos; les photos n’illustrent pas le texte. Il s’agit au contraire d’un dialogue permanent : « l’image constitue […] un langage en soi ». L’exposition se redéfinit selon les lieux qui l’accueillent. Tout peut se déplacer, être en mouvement, chaque texte, chaque volet est autonome, le parcours se fait dans l’ordre ou le désordre. « Comme la vie », précise l’auteure.

Car Hélène Dorion nous parle essentiellement de vie, de mort, de deuil : son père est décédé après cette résidence qu’elle a dû écourter de quelques jours. Elle nous parle aussi d’amour, « le grand transformateur », et de beauté, « une beauté révélatrice et réparatrice dont l’être humain a pour tâche de prendre soin ». En effet, « [p]ar la beauté, l’âme respire et se rencontre. Elle serait en quelque sorte les poumons de l’âme. » Cette beauté qui « refait l’ordre du monde » et nous permet d’être unis, à nous, aux autres, aux passages. À la nature. Essentielle nature.

L’œuvre, éminemment méditative, nous invite à apprivoiser les brouillards : « la vie, c’est souvent du gris. Il ne s’agit pas d’une grisaille négative, mais plutôt d’états transitoires, de passages extrêmement féconds qu’il faut apprendre à habiter » avant que la clarté ne puisse les disperser.

Ainsi, entre-t-on dans le livre comme on s’avancerait dans l’espace sacré d’un temple. On le savoure par petites touches, comme on dégusterait un nectar précieux tant chaque mot, chaque photo, dans son dépouillement, est chargé de l’essentiel. Vibre. Résonne. Bouleverse.

On découvre l’exposition dans la lenteur et le recueillement, les photographies et le texte nous ramenant au silence. « La beauté ne se trouve pas dans le spectaculaire, mais dans la manière dont on regarde, chaque jour. Parfois, on cherche trop loin. »

En somme, une exposition à ne pas manquer. Une écriture intime, intense, des photographies inspirées, diaphanes, pour replonger au cœur de soi. Dans la poésie. La beauté. L’amour. La vie.

L’exposition Le temps du paysage se tiendra jusqu’au 30 septembre au Château Landry, à Mont-Joli; au Vieux Presbytère, à Sainte-Flavie et à la Villa Estevan, aux Jardins de Métis. Hélène Dorion sera l’invitée du Thé littéraire du 20 août, à 16 h, aux Jardins de Métis, en compagnie du musicien Jean Humpich, flûte et saxophone. Cette intervention sera précédée d’une lecture de Joanie Lemieux, doctorante en lettres, profil création, UQAR.

Une présentation du CLAC en collaboration avec la bibliothèque Olivar-Asselin, les Jardins de Métis et le Salon du livre de Rimouski

Hélène Dorion, Le temps du paysage, Druide, 2016, 126 p.

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