
Pour une deuxième année consécutive, les productions La Maison Beige et leurs collaborateurs présentent une série de concerts estivaux qui sont le résultat de résidences de création musicale d’une semaine au moulin du Bic.
Autrefois le moulin Turcotte, il est aujourd’hui la demeure et l’atelier de Daniel St-Pierre, un lieu de fabrication de chaloupes et de réparation de bateaux. Homme de partage et de culture, Daniel a façonné le moulin à son image et en a fait, un peu malgré lui, un lieu de passage et de rencontres de gens d’ici et d’ailleurs, dont notamment des artistes. Car il y a belle lurette que des musiciens séjournent au moulin et y présentent à l’improviste de petits spectacles. Olivier, fils de Daniel, y a déjà organisé des ateliers jazz pendant deux étés.
Cette fois, un groupe d’amis et de voisins, dont la Maison Beige, se ressemblent pour créer de véritables séjours musicaux qui culminent en une présentation extérieure dans la cour du moulin. Sans prix d’entrée, ces spectacles sont ouverts à tous, adultes et enfants, et possèdent l’aura d’une fête de quartier. Les artistes invités proviennent en majorité de la scène underground montréalaise et profitent pleinement d’une coupure avec la ville pour se retrouver dans un espace perché au coude de la rivière du Bic, en plein cœur du village. Pendant une semaine, ils vivent ce rythme et s’en imprègnent, ce qui donne parfois lieu à des créations originales qui mélangent leurs chansons à la vie ici. Comme ce fut le cas pour Myriam Gendron qui créa « Au coeur de ma délire » lors de sa résidence au moulin, et dans laquelle on peut entendre la voix du chef chaloupier, ses outils et sa radio. Ou Arthur Bull et Éric Normand qui y enregistrèrent l’album Porte de shed. Lieu de création, lieu de diffusion, c’est notamment dans sa libre organisation, dans son autogestion que cette initiative puise toute sa valeur.
Si ces résidences ont lieu, c’est grâce à l’implication bénévole des cinq membres fondateurs et de leur entourage. Ensemble, ils inventent un moment qui, autrement, n’existerait pas. Parce qu’à la base, le projet répond à un manque : celui de vivre la culture ailleurs que là où on l’attend, de faire se côtoyer et se mélanger les univers. D’organiser des spectacles musicaux sans l’attirail habituel, dans une forme d’authenticité et de dépouillement et d’y convoquer des adeptes autant que des voisins et des passants. Lorsque des enfants font des roues latérales devant la scène pendant que Jacques Bertrand Junior hurle « dans la vie, comme au hockey » et que le feu des grillades enfume les lumières suspendues aux branches des arbres, la vie semble, à ce moment, devenir plus qu’un simple spectacle et tous ont un peu l’impression d’y jouer un rôle. « T’es pas venu ici pour nous montrer tes patins / montre-nous ton style / celui qui te distingue », poursuit le chanteur-poète, et cela correspond exactement à ce qui se passe dans la cour du vieux moulin.
Les espaces comme le moulin, qui échappent aux catégorisations parce qu’ils mélangent différentes fonctions, sont des fenêtres qui permettent d’échapper aux ambiances prescrites et prévisibles. Loin de le faire dans une forme d’intellectualisation de la culture, ces lieux inclassables ne font que combiner les rôles qui permettent de répondre à des besoins de base. Pour le moulin, le but est d’animer la communauté sans entrer dans un rapport marchand et d’inviter des artistes inspirants qui revendiquent justement une certaine forme de liberté.
Pour plus d’information sur les résidences musicales au moulin, consultez : www.facebook.com/La-Maison-Beige