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La culture du viol, un vrai phénomène?

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La culture du viol, un vrai phénomène?

Qu’est-ce que la culture du viol?

La culture est le regroupement de tout phénomène appris par un individu au contact de la société : symboles, langages, mœurs, etc. D’une certaine façon, la culture est la perception qu’une population se fait des choses. Par définition, la culture du viol est un enjeu caractérisé par un ensemble de comportements sociaux qui veut excuser toute forme d’agression sexuelle en mettant la responsabilité de l’agression sur les épaules de la victime, souvent la femme, au lieu de questionner l’agresseur, habituellement l’homme. C’est une culture qui se nourrit souvent de préjugés et de stéréotypes populaires.

Quelques statistiques

Encore aujourd’hui, ce phénomène est la plupart du temps nié dans la sphère médiatique québécoise. On le présente comme un combat déjà perdu. Comme la situation de la femme québécoise moderne est amplement supérieure à celle des femmes des années 30, on pourrait en effet croire que la culture du viol n’est plus d’actualité. Or, uniquement 5 % des agressions sont rapportées à la police et, dans l’ensemble de ces plaintes, uniquement 3 sur 1 000 se solderont par une condamnation.

Un peu d’histoire

Le phénomène a été identifié au début des années 70 lorsque des groupes féministes ont utilisé le terme « culture du viol » pour la première fois dans le film Rape Culture. Toutefois, des exemples concrets du problème remontent à 2 500 ans avant Jésus-Christ. À cette époque, les rôles sociaux étaient divisés selon les sexes et des inégalités hommes-femmes étaient déjà ancrées dans la mentalité populaire. Par exemple, la civilisation babylonienne, dans son texte juridique, inscrivait qu’un homme qui violait une femme vierge était tué ou capturé puisqu’il avait agressé ce que l’on considérait alors comme la propriété de son père. Toutefois, si un homme violait une femme mariée, cette dernière était condamnée avec lui parce qu’on considérait l’agression comme un adultère. Puis, durant la Grèce antique, la mythologie promouvait ces inégalités en propageant des légendes populaires comportant des histoires de viols de jeunes femmes par des hommes de pouvoir comme celle de la Méduse.

Le système judiciaire

Les lois en matière d’agressions sexuelles ont évolué tardivement dans la société québécoise. Avant 1840, le Québec était soumis aux lois anglaises. Dans la société britannique de l’époque, la défense utilisait souvent l’avertissement de sir Matthew Hale, plus communément appelé le « Hale Warning ». Cet avertissement déclarait que l’agression sexuelle était « facile à inventer, difficile à prouver et encore plus difficile à défendre pour les accusés ». En 1840, avec l’apparition du Code criminel canadien, le viol est reconnu aux yeux de la loi. Néanmoins, il est uniquement prouvé si un témoin peut certifier l’acte, si la victime prouve qu’elle s’est débattue et que son passé sexuel est jugé convenable pour l’époque. En 1873, une nouvelle loi apparaît concernant les jeunes filles vierges de 12 à 16 ans qui peuvent désormais se soustraire à certains des critères précédemment cités. À partir de 1955, les hommes n’auront désormais plus besoin de témoins pour prouver l’agression. C’est uniquement en 1983, après l’élaboration du projet de loi C-127, que les femmes auront ce même droit et que les agressions sexuelles seront reconnues au sein d’un couple.

Comment combattre?

Il pourrait être facile de croire que changer les lois concernant le viol serait la meilleure solution pour contrer ce problème. Cependant, il serait difficile d’apporter des changements sans créer des lacunes dans le code judiciaire, la présomption d’innocence étant un de ses fondements. Alors, comment combattre ce phénomène? Il faudrait conscientiser la population à la culture du viol en commençant par les jeunes. En effet, offrir une bonne éducation sexuelle aux jeunes leur permettrait de déconstruire certains mythes, d’être plus informés sur les conséquences d’une agression sexuelle ou simplement sur ce qu’est une relation sans consentement. Ainsi, ils comprendront les impacts de la culture du viol. Une autre solution serait de financer les centres d’aide. En accordant du financement à ces centres, le gouvernement permettrait aux victimes de viol de recevoir plus d’aide et donnerait l’occasion aux centres d’engager plus de professionnels, d’avoir de meilleures installations pour aider les victimes et de faire plus de sensibilisation sur la culture du viol pour prévenir les agressions sexuelles.

Bien que certains refusent toujours d’admettre l’existence de la culture du viol au Québec, celle-ci est bel et bien présente. Il faudra espérer une prise de conscience collective pour que ce problème soit réellement reconnu. Ce n’est qu’ensuite que nous serons en mesure de le résoudre.

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