
Répétée chaque semaine, voire tous les jours, la planification des repas peut vite devenir un véritable casse-tête. Pour manger sainement ou faire des choix judicieux, encore faut-il avoir accès à un lieu d’achat qui dispose d’aliments sains convenant à nos goûts et à nos valeurs. Est-ce le cas partout? Est-ce le cas près de chez vous?
Saviez-vous qu’avoir accès, physiquement et économiquement, à des aliments sains est un des principaux déterminants d’une saine alimentation au quotidien? Bien manger permet de prévenir plusieurs maladies chroniques et de demeurer en santé plus longtemps.
A priori, avoir accès à des aliments de base près de son domicile peut paraître simple. Pourtant! Savez-vous quelle est la proportion de la population du Bas-Saint-Laurent qui peut trouver, tout près de la maison, des fruits et des légumes frais, des œufs, du lait, du pain et de la viande ou du poisson conservé adéquatement (congelé, sous vide, etc.)? Un faible pourcentage, peut-être. J’utilise ici le mot « peut-être », car aucune étude n’a évalué la qualité des aliments dans les commerces qui ont pignon sur rue en milieu rural dans notre région. Il est donc impossible de se prononcer.
Par ailleurs, on peut dire que la majorité des 114 municipalités bas-laurentiennes ont accès sur place ou dans une communauté voisine, dans un rayon de moins de 16 kilomètres1, à un commerce d’alimentation de proximité, c’est-à-dire un dépanneur, une petite épicerie ou, dans nos centres urbains, un supermarché2. Mais, « commerce d’alimentation de proximité » ne veut pas nécessairement dire qu’il est possible d’y trouver des légumes frais ou des produits pour le déjeuner.
Il est vrai que plusieurs personnes travaillent dans un milieu urbain et qu’elles en profitent pour faire des achats dans un marché d’alimentation bien garni. Ce n’est cependant pas le cas pour tout le monde : plusieurs personnes âgées ne conduisent plus, des familles moins nanties n’ont pas accès à une voiture ni au transport collectif et, d’autres, par choix personnel, décident de ne pas faire l’épicerie dans une grande surface ou préfèrent acheter localement dans le but de dynamiser leur municipalité. Toutes ces personnes devraient profiter d’aliments sains à proximité de leur domicile ou dans leur municipalité.
Le portrait brossé ici peut sembler assez pessimiste. Alors, que faire? Y a-t-il des solutions? Sachez que plusieurs partenaires se posent actuellement ces mêmes questions, dont la Direction de la santé publique qui travaille, avec plusieurs partenaires, à faciliter l’accès aux aliments sains, partout sur son territoire. L’objectif de la vision adoptée par la Direction « Vers une saine alimentation pour tous » est clair et ambitieux : faire du Bas-Saint-Laurent une région où l’alimentation de proximité et durable est au cœur des priorités des décideurs en misant sur la complémentarité des rôles et des leviers de chaque secteur d’activité interpellé.
Dans ce sens, le plan d’action de la Table intersectorielle régionale en saines habitudes de vie de COSMOSS 3 est un bon exemple. Ce plan donne clairement priorité au développement d’une vision régionale et au soutien des communautés locales par des actions visant à augmenter l’accès à une saine alimentation pour des populations vulnérables ou isolées. De multiples secteurs et représentants y travaillent déjà ou peuvent se joindre aux réflexions et travaux : les services de l’agroalimentaire, de l’environnement, du milieu municipal, des organismes communautaires, des citoyens, des entreprises privées, etc. Et vous, ça vous interpelle? Joignez-vous à nous pour que la saine alimentation soit accessible à tous.
Nous croyons fermement que l’alimentation au sens large, allant de la production à la consommation, en passant par la transformation, la distribution et la vente au détail, peut avoir de multiples bienfaits tant pour notre santé personnelle que pour notre implication sociale et le développement régional et durable. C’est dans ces sphères que les objectifs de santé publique et ceux du développement régional et durable se rejoignent.
Vous souhaitez assurer une présence d’aliments de qualité dans un commerce rural près de chez vous? Demeurer des citoyens en santé, engagés dans votre communauté, dynamiques, fiers de votre région et des entreprises qui y fleurissent? Voilà de multiples raisons justifiant un engagement commun, et ce, au bénéfice de toute la population.
1. La marque de 16 kilomètres est utilisée, en recherche, comme distance maximale pour caractériser l’achat de proximité.
2. Statistiques sur la cartographie des commerces d’alimentation, Direction de la santé publique CISSS Bas-Saint-Laurent, 2017.
3. Communauté ouverte et solidaire pour un monde outillé, scolarisé et en santé.