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Un plan d’autosuffisance alimentaire dans chaque MRC

Par Roméo Bouchard le 2017/07
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Un plan d’autosuffisance alimentaire dans chaque MRC

Par Roméo Bouchard le 2017/07

Favoriser l’autosuffisance alimentaire n’est plus une coquetterie de marginaux : c’est devenu une question de survie pour l’espèce humaine.

La commercialisation à outrance de la nourriture et la spécialisation de la production alimentaire ont des effets de plus en plus dramatiques : le coût écologique du chemin que parcourent nos aliments (5 000 kilomètres en moyenne), la destruction par les monocultures de la biodiversité des plantes et des animaux, l’imposition par les multinationales d’OGM et de cultures sélectionnées, la diminution draconienne de la valeur nutritive des aliments (75 %), le gaspillage de près de la moitié de la nourriture produite, la destruction des agricultures paysannes, du patrimoine alimentaire, de l’environnement et de la souveraineté alimentaire des communautés investies. À cela s’ajoute l’incapacité à répondre à la demande alimentaire en raison de l’épuisement et de la contamination des sols et de l’eau.

Du mondial au local, une question de survie

Le retour à une politique et à une culture d’autosuffisance alimentaire, non seulement au niveau national, mais surtout au niveau régional et local, est désormais une question de survie. Le système agricole et alimentaire mondial mis en place par les multinationales agroalimentaires n’est pas soutenable et constitue un des facteurs majeurs de l’équation qui, selon tous les experts, nous conduit à une crise et à l’effondrement du système économique planétaire d’ici 20 ou 30 ans. Il faut dès maintenant mettre en place les bases d’un système alimentaire relocalisé, qui, sous le radar de la mondialisation des multinationales, permettra à ceux qui resteront de survivre et de reconstruire. C’est vrai, d’ailleurs, pour l’économie dans son ensemble. Il faut changer d’échelle : passer du mondial au local.

L’autosuffisance alimentaire au plan urbain, régional et local

Il faut bien sûr exiger de nos gouvernements, si empêtrés soient-ils dans leurs dogmes du marché et leurs ententes de libre-échange et de mondialisation du commerce, des politiques courageuses de souveraineté et d’autosuffisance alimentaire, sans exclure pour autant les échanges de produits alimentaires complémentaires d’un pays à un autre.

Mais tout indique que c’est à l’échelle urbaine, régionale et locale que peuvent se faire les avancées les plus significatives. De plus en plus, les villes, en appui aux groupes communautaires et écologiques, développent des programmes et des formations pour favoriser l’agriculture urbaine. Cuba a démontré qu’une grande ville peut produire un pourcentage étonnant de son alimentation. Les éditions Écosociété viennent d’ailleurs de publier un survol inspirant de ces expériences : La révolution de l’agriculture urbaine de Jennifer Cockrall-King.

En région et dans les différentes MRC, ce sont surtout les néoruraux, des jeunes le plus souvent, qui ont pris l’initiative de créer des réseaux locaux de production et de distribution alimentaire.

Le moment est venu pour les élus régionaux et locaux de mettre en place de véritables plans d’autosuffisance alimentaire et d’agriculture de proximité comportant un ensemble de programmes et de moyens pour augmenter graduellement le taux d’aliments produits et valorisés sur chaque territoire.

Au-delà des tables de concertation agroalimentaire, ces plans d’autosuffisance alimentaire et d’agriculture de proximité (à l’exemple des plans d’aménagement, de développement stratégique, de la zone agricole ou d’intégration architecturale) devraient fournir un inventaire du patrimoine, des ressources et des possibilités agroalimentaires du territoire. Ils devraient faciliter l’accès à la terre, à des formations et à un financement approprié, favoriser la mise en réseau des producteurs et la promotion des produits, leur transformation et leur mise en marché, permettre le développement des marchés et des sites de vente locaux et régionaux, soutenir l’achat local, la création de monnaies locales, valoriser les produits de niche et identitaires locaux, etc. Un tel chantier peut devenir une source d’emplois, de fierté et d’engagement pour des centaines de jeunes. Les modèles qu’expérimente la Ferme des Quatre-Temps à Hemmingford et plusieurs MRC de l’Estrie peuvent servir d’inspiration pour de tels plans régionaux et locaux.

Miser sur la communauté et son environnement

L’autosuffisance alimentaire doit devenir un aspect incontournable de l’économie du futur : une croissance soutenable, une économie verte, circulaire, participative, territoriale, de proximité, de partage, axée sur les besoins de la communauté et les ressources de son environnement plutôt que sur la seule recherche des plus bas prix. De tout temps, l’alimentation a été la relation quotidienne des communautés avec leur environnement : il faut rétablir ce lien et redonner une signification à notre nourriture et à la communauté. Nous n’aurons d’ailleurs pas le choix de le faire si nous voulons stopper les changements climatiques et régénérer notre environnement.

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