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PHÉNOMÉNOLOGIE DE L’ADOLESCENCE

Par Clémentine Nogrel le 2016/01
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PHÉNOMÉNOLOGIE DE L’ADOLESCENCE

Par Clémentine Nogrel le 2016/01

Geneviève Dulude-De Celles, qui s’était fait remarquer en 2014 avec le court métrage La coupe, présente Bienvenue à F.L. Dans ce premier long métrage, la réalisatrice filme des adolescents qui terminent leur cinquième secondaire à la polyvalente Fernand-Lefebvre de Sorel-Tracy. La caméra cherche à rendre compte de l’expérience des adolescents à travers des entretiens individuels ou en plongeant dans le quotidien de certains jeunes (sur le chemin du retour de l’école et pendant la préparation du bal de fin d’année par exemple).

Le travail de recherche s’apparente à la phénoménologie, c’est-à-dire à « l’étude de phénomènes dont la structure se base sur l’analyse directe de l’expérience vécue par un sujet. On cherche le sens de l’expérience à travers les yeux d’un sujet qui rend compte de cette expérience dans un entretien. […] Le chercheur phénoménologique reconnaît dans sa poursuite de la vérité qu’il n’y a pas qu’une vérité (et seulement une). Cette méthode demande également au chercheur de rendre compte de la réalité du sujet sans chercher à interpréter. » (Wikipédia)

L’authenticité des partages est d’ailleurs bouleversante dans F.L. On peut y lire à la fois la force et la naïveté des jeunes. Leur regard sur leur quotidien est rempli d’intelligence et de complexité : chaque vérité énoncée est une véritable expérience, même si chaque expérience de l’école est vécue différemment.

Bienvenue à F.L. montre avec finesse les lois qui régissent les systèmes sociaux des adolescents : « L’école, c’est très structuré, comme un gouvernement. Tu peux essayer de le faire tomber, mais est-ce que tu vas réussir? Pas grandes chances… »

Au cœur de ces discours, la quête identitaire : comment faire avec ce que l’on est? « J’ai essayé d’être moi-même et maintenant je l’suis. C’est difficile d’être soi-même, faut vraiment que toi, tu commences par savoir toi-même vraiment qui t’es. Faut sortir des sentiers battus. […] C’est pas tout l’monde qui a la force mentale de se rendre jusque-là. C’est difficile de trouver qui on est et, après ça, c’est encore plus difficile de la devenir, cette personne-là. »

Explorer ce film, c’est marcher sur un fil fragile, celui de l’insécurité adolescente. Les projets d’avenir des jeunes paraissent parfois irréels, mais souvent doux et inspirants. À la question : « Qu’est-ce que c’est, devenir un adulte? », une jeune fille répond : « Avoir la liberté de changer ma routine. Je sais pas à quel âge on devient un adulte. Je sais pas nécessairement quand notre personnalité devient adulte. C’est sûr que si adulte veut dire avoir plus de liberté, ben oui, j’ai hâte de devenir une adulte. »

Inévitablement, le film nous rappelle ce que nous étions à cet âge. Écouter ces filles et garçons parler de leur avenir nous confronte à ce que nous étions et à ce que nous sommes aujourd’hui. C’est de cette manière que la réalisatrice offre une expérience complète dans son film : la polyvalente Fernand-Lefebvre, c’était son école secondaire, et elle y revient comme nous y revenons, nous aussi.

Bienvenue à F.L. de Geneviève Dulude-De Celles sera présenté chez Paralœil à Rimouski le 10 mars en présence de la réalisatrice.

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