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Le développement au cœur des régions

Par Christian Duguay le 2016/01
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Le développement au cœur des régions

Par Christian Duguay le 2016/01

Le développement des régions reste une épine dans le pied de la société québécoise. En témoignent la méthode (encore nébuleuse) pour créer une croissance économique régionale ou les hésitations historiques du gouvernement, qui a appliqué successivement des mesures contradictoires pour développer les territoires du Québec. Malgré certains succès, ces tentatives ont donné des résultats assez mitigés, allant jusqu’à susciter récemment une réorientation sévère. Avec un optimisme qui ne convaincra que les convaincus, le gouvernement parie désormais sur une concentration des ressources sur les maillons forts du système territorial (les villes et régions centrales) – à charge, pour les autres territoires, de trouver la solution miracle pour réconcilier austérité et développement. Or, les territoires font face avec dynamisme à ce coup de tabac politique.

Repenser le développement territorial

Au Bas-Saint-Laurent, les acteurs territoriaux travaillent leur potentiel de développement pour tenter de compenser par leurs propres forces les contraintes nouvelles posées aux territoires périphériques. Le récent colloque sur les « potentiels de développement », dont la quatrième édition était organisée par la MRC de la Mitis à Mont-Joli le 14 novembre 2015, va en ce sens. Placé sous le signe des enjeux nouveaux du développement rural, le colloque entendait réunir les acteurs du territoire pour réfléchir à la diversité des innovations nécessaires au développement territorial. Déclinée en cinq piliers (culturel, économique, environnemental, politique et social), cette définition dynamique des territoires rappelle que la mobilisation citoyenne est sans doute meilleure conseillère que l’austérité comptable. Nous avons retenu quelques-unes de ces tendances et idées novatrices.

Deux piliers des territoires ruraux : développement culturel et développement social

Illustrant certaines des lignes de la redéfinition actuelle de ce qu’est la ruralité au Bas-Saint-Laurent, deux conférences ont mis en évidence la présence de ressources qui, discrètes, peuvent s’avérer précieuses pour les territoires périphériques.

D’abord, le développement culturel recèle sans doute des pépites si l’on sait les découvrir. Ainsi du paysage qui, au Bas-Saint-Laurent, est un atout fort : il est reconnu comme partie intégrante de son développement économique par nombre d’acteurs locaux présents au colloque. Pour peu que l’on sache penser l’impact visuel du développement, les paysages seront un vecteur majeur pour le tourisme, offrant une expérience visuelle unique qui marque souvent les souvenirs des visiteurs. Plus largement, ils sont aussi au cœur des territoires, entre identité positive et patrimoine à sauvegarder. Cette prise de conscience a ainsi donné naissance à la charte des paysages du Bas-Saint-Laurent en 2015, qui a entamé une revalorisation symbolique de leur rôle dans le développement économique et social des territoires.

Ensuite, la thématique sociale peut aussi être comprise comme composante du développement régional ou, mieux, d’une occupation imaginative du territoire. Le projet initié par le fonds foncier communautaire TerraVie (P. Casavant et N. Fafard) propose des formes d’habitation alternative, dont l’approche écologique préserve l’environnement. Divers procédés de construction, écologiques et autonomes, peuvent désormais conférer aux constructions une autonomie énergétique totale et assurer la préservation des habitats naturels. Par leurs plans d’urbanisme, les municipalités pourraient ainsi devenir des moteurs d’une nouvelle approche d’aménagement urbain, verte et durable, en réduisant les espaces utilisés par les activités humaines pour maximiser les espaces verts (avec en hypothèse un impressionnant ratio d’environ 75% d’espace naturel).

Ce colloque offre une définition finalement ambitieuse du développement en train de se faire. Le développement est la concrétisation de l’imaginaire dans un espace réel partagé et qui vise à transformer la réalité présente pour l’adapter aux besoins de la communauté. En ce sens, l’objectif du développement est de répondre aux besoins vitaux d’une communauté. Sans être quantifiables, ces besoins sont primordiaux en ce qu’ils engagent la communauté comme imaginaire collectif porté par des actions humaines. L’imagination reste cet outil singulier de qui veut le développement, parce que son potentiel est illimité : tant qu’elle animera les personnes soucieuses de l’avenir de leurs territoires, le pire n’est pas sûr. Et, face à ceux qui prennent l’austérité pour une politique, ce n’est pas rien.

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