Champ libre

Aller chercher le quotidien

Par Véronique Lavoie le 2015/07
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Champ libre

Aller chercher le quotidien

Par Véronique Lavoie le 2015/07

Du 2 juillet au 15 août, le Théâtre des gens d’en bas présente la pièce Aller chercher demain de Denise Chalem au Théâtre du Bic. Mise en scène par Louise Laprade, cette comédie dramatique donne vie à des personnages en cage dans leur maison, leur relation, leur engagement.

C’est dans un décor digne d’un dimanche chez grand-maman avec des murs et un divan fleuris que le spectateur rencontre Nicole, personnage à contre-courant interprété par Julie McClemens (À tu et à toi en 2013). Nicole dort le jour, travaille la nuit, n’est pas mariée, n’a pas d’enfant, pas d’amis, sauf Patricia (Marie-Claude Saint-Laurent), sa collègue de travail, aux soins palliatifs. André (Martin Dion), amoureux de Nicole, désespère, les fleurs à la main, de pouvoir enfin remonter l’allée de l’église à ses côtés, mais Nicole n’a plus de place pour personne dans sa tête. Son seul désir : attendre seule l’instant qui vient, ne plus courir. Ce dimanche digne d’un après-midi chez grand-maman prend une tournure plutôt épicée avec la présence de Charles (Pierre Collin), le père de Nicole. On s’attache rapidement à ce juif bougonneux, à ses blagues, à sa complicité avec son oiseau. Comme ce dernier, Charles est en cage dans sa maison et se dit tanné de raconter son histoire. Il préfère répéter maintes et maintes fois ses blagues à sa fille, sa chère Chichoune.

Entre les courses pour aller chercher du pain et les cours sur l’utilisation d’un téléphone intelligent, le spectateur s’immisce dans le quotidien de ce père et de sa fille. Malgré les tensions et l’épuisement de Nicole, une complicité indicible et contagieuse se tisse entre ces deux êtres qui partagent un repas ou qui chantent et dansent au milieu du salon.

Cette pièce aborde aussi la question des soins de fin de vie. Jeune atteint de leucémie, homme sans famille amoureux fou de son infirmière, passionnée de mode, les patients de Nicole sont prétexte à évoquer ce thème délicat. Nicole, qui est constamment au service de quelqu’un, même à la maison, où elle s’occupe d’un père au cœur fragile. L’histoire soulève des interrogations sincères sur ces soins et l’endroit où la mort nous surprend, sans toutefois prétendre à la réponse.

Entre vodka, roulé au miel, fleurs jetées, sonneries de téléphone et alerte rouge aux soins palliatifs, le spectateur apprivoise ces personnages qui respirent l’humanité à travers leur détresse et leur rire. Une pièce à voir sans tarder!

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