
Dès sa création, la Rencontre photographique du Kamouraska s’est voulue créatrice de liens. Entre artistes et spectateurs, entre professionnels et amateurs, entre villes et villages, ici et ailleurs. Pour sa septième édition, cette fois sous le thème « La part de l’autre », l’exposition donne à voir la relation de dépendance entre le photographiant et le photographié. Le travail se déploie autour du lien de confiance, autour de ce que l’un et l’autre considèrent comme ce qui peut être pris ou donné, car les deux points de vue sont absolument nécessaires, semble-t-il, pour saisir le processus photographique dans toute sa complexité.
Cinq artistes exposent leurs œuvres en salle en racontant des histoires. Et les photographes sont de fabuleux conteurs!
Jérôme Guibord illustre la dévitalisation du territoire québécois en donnant la parole à ceux qui y vivent encore. Par des portraits qui relatent des anecdotes, Guibord a fait sien ce que chacun a bien voulu lui offrir. Comme France, par exemple, qui a planté une statue de la vierge pour protéger sa maison postée dans un virage en tête d’épingle. En résulte une photographie de sa statue qui trône fièrement et le dos de France.
Ève Cadieux accorde à l’imagination du spectateur la latitude nécessaire pour que celui-ci invente ses propres histoires. Avec une attention soignée au plus infime détail, elle capte l’image d’objets qui, même s’ils ne sont plus utiles, ne peuvent être jetés par leur propriétaire. Chaque objet porte le nom de celui qui le possède, de celui qui demeure anonyme. Les objets s’accrochent au temps qui fuit, racontent une époque achevée qui veut s’éterniser.
Et les photographes sont de fabuleux conteurs!
Annabelle Fouquet a pris part en 2012 à une marche de 900 kilomètres. Avec elle, principalement des femmes innues protestant contre des décisions prises par un gouvernement qui, du revers de la main, balaie leurs droits. Fouquet documente en mots et en images l’événement et s’y engage sans compromis, examinant de près la situation des femmes dans les sociétés autochtones.
Catherine Tremblay cartographie différentes régions et construit des recueils de souvenirs collectifs. Elle trompe l’œil et le temps, agissant en deux lieux et en deux moments. Tremblay photographie ceux qui peuplent le territoire en leur demandant de lui raconter le souvenir d’un endroit singulier. Elle file ensuite à la recherche de ce lieu, y superpose le portrait de celui ou de celle qui le rappelle à la mémoire. Ces visages du Kamouraska sont les témoignages sensibles, dans le paysage, de la part de chacun d’entre nous.
Jacinthe Robillard laisse à ses sujets le temps dont ils ont besoin pour se dévoiler. Elle expose trois projets qui sondent la notion d’individualité. Et parfois, la part de l’autre prend tout l’espace. C’est entre autres l’histoire d’une photographie qu’on ne verra jamais, parce que c’est la promesse qu’elle a faite pour pouvoir photographier un pêcheur mythique qu’elle décrit de mille mots, un homme qui a vécu de par les ports du monde entier. Notre part, en tant que spectateurs, est d’imaginer.
Notre part, c’est aussi d’y assister. La Rencontre photographique du Kamouraska est présentée jusqu’au 7 septembre prochain. Plus de détails au www.kamouraska.org.
Le Centre d’art de Kamouraska fait partie du Collectif muséal et patrimonial du Kamouraska, lequel comprend également les Archives de la Côte-du-Sud, la Maison Chapais, le Musée François-Pilote et le Musée régional de Kamouraska. Pour obtenir une liste des activités culturelles du Kamouraska, consultez laculturesurmesure.com.