C’était humide pour les rotules, mais j’étais heureux de participer à la Marche Action Climat le 11 avril 2015 dans la ville de Québec. Lors de cette grande manifestation historique, plus de 25 000 personnes ont marché pour un virage énergétique majeur et contre les projets pétroliers. Évidemment, Régis Labeaume, cette petite bécosse, n’y était pas, trop occupé à gérer des problèmes plus concrets, comme le retour des Nordiques. Petit Régis avec son petit casque, sa petite pelle et son petit chandail de hockey devant le Centre Vidéotron à rêver des Nordiques pendant que derrière lui la jeunesse étudiante et l’environnement se font matraquer. En matière de progrès social, il ne faut surtout pas se fier à l’élite au pouvoir. Si on l’avait écoutée, les femmes n’auraient toujours pas le droit de vote et on aurait tous un esclave noir enchaîné à notre BBQ dans la cour arrière.
Alors, j’ai marché. L’hypocrisie aussi a marché. La FTQ était présente. Malgré son appui au projet d’oléoduc de TransCanada. Malgré son appui au projet d’Enbridge pour inverser le flux de pétrole du pipeline 9B. Malgré l’épargne des syndiqués (Fonds de solidarité ou Fondaction) investie en partie dans le pétrole. Malgré ces légers « détails », la FTQ souriait devant les kodaks avec ses belles dents blanches et ses discours verts. Le cash concret subventionne l’expansion des sables bitumineux pendant que les discours abstraits parlent de « luttes » contre les changements climatiques. Pour l’instant, la vraie lutte, c’est une descente du coude sur la calotte à dame Nature.
Les gens les plus intelligents sur la planète nous disent que deux choses mettent la civilisation humaine en danger : les inégalités devant la richesse et les changements climatiques. Évidemment, à ne pas confondre avec le réchauffement climatique. C’est souvent un terme qui est employé par les Éric Duhaime de ce monde et autres sbires à l’intelligence digne d’un protozoaire débile, pour discréditer ce qui se passe. Éric Duhaime, animateur de radio poubelle, qui commente l’actualité politique tous les jours, écrivait d’ailleurs sur Facebook : « Vu le 11 avril à Québec : Une militante frigorifiée, avec sa tuque, ses mitaines, son foulard, son gros manteau d’hiver et ses bottes qui marchait avec sa pancarte « NON au réchauffement climatique ». L’enverdeuse ne se rendait même pas compte du paradoxe. » Mais quel connard ce mec : une trace de merde dans les petites culottes roses à Stephen Harper.
Parlons du noyau. On ne peut pas penser de manière écologique et rester dans notre système faussement démocratique et notre économie de marché. Comme le disait Naomi Klein : « L’écologie n’est pas soluble dans le capitalisme. » Le capitalisme, c’est un appétit de profit illimité sur une planète limitée. Donc, quand on parle d’écologie, il faut réformer l’économie. Ça passe entre autres par l’abolition de l’accaparement privé des ressources naturelles collectives. Une société qui gaspille dans le présent des ressources essentielles à l’avenir de l’humanité doit être considérée comme criminelle. La critique écologique doit être une critique anticapitaliste et une critique contre la propriété privée. Soyons clair avec le concept de propriété privée, on ne parle pas de ta brosse à dents que tu devras partager avec tout le quartier. On parle d’une personne qui possède ce dont les autres ont besoin pour vivre. Peut-on acheter le Soleil? Si oui, combien vaut-il? Le Soleil est essentiel à la vie sur Terre. Donc, le propriétaire va devoir nous vendre ses rayons. Combien ça vaut des rayons de soleil? « C’est absurde, acheter le Soleil. Fred, t’es un Ionesco de l’espace. » Est-ce plus absurde d’acheter ou de vendre le Soleil qu’une rivière d’eau potable essentielle à la vie? Ou d’acheter et de vendre le pétrole fabriqué par les dinosaures? « T’es qui, toé, pour t’approprier du pétrole? As-tu des liens de parenté avec les dinosaures? Ça expliquerait ta face de lézard pis ton haleine préhistorique. » Le pétrole doit appartenir à l’humanité. Aucun être humain ne peut s’approprier les richesses que la nature a inventées. Est-ce qu’un homme d’affaires va pouvoir acheter la Lune? Si oui, va-t-il exproprier Pierrot et taxer ceux qui sont dans la lune?
– S’cusez monsieur, vous êtes dans la lune, vous me devez 200 piastres.
– J’étais pas dans la lune, je rêvais.
– Oui, mais avec les nouveaux accords de libre-échange, c’est la même chose, y faut passer par la Lune pour rêver. Le Rêve Américain. Faque paye ou arrête de rêver!
« Nous avons peut-être encore besoin de pétrole, mais nous avons aussi le devoir de tout mettre en œuvre pour nous en libérer. »