
Après plusieurs années de travail acharné, on a finalement rénové et on peut habiter cette maison centenaire aux multiples possibilités, située au centre-ville de Mont-Joli.
Inauguré à l’automne, le Château Landry est en voie de devenir un lieu de création et de diffusion incontournable dans la région. Au cœur de ce bâtiment de trois étages est installé le CLAC, le Carrefour de la littérature, des arts et de la culture de Mont-Joli. Un organisme qui gère les fabuleux thés littéraires aux Jardins de Métis, le concours d’écriture l’Écorce fabuleuse et la Crue des mots, un événement printanier qui amène une vingtaine d’écrivains à visiter les écoles de la région et à rencontrer des milliers d’élèves du primaire et du secondaire.
Le CLAC y occupe tout le deuxième étage, qui comporte aussi une grande salle de réunion. Au troisième, lors de mon passage sur les lieux, on était à aménager une spacieuse résidence d’artistes qui compte trois chambres, une cuisinette et un grand salon. Au rez-de-chaussée, on trouve une salle polyvalente qu’on va bientôt doter d’une scène amovible et d’équipements techniques adéquats. Il y a aussi un sympathique café aux parfums qui embaument l’air dès que l’on en franchit la porte. Le café y est bon, les viennoiseries, irrésistibles, et la lumière y entre de partout grâce aux immenses fenêtres.
Depuis l’année dernière, la directrice du CLAC, Julie Boivin (qui est aussi présidente du Conseil de la culture du Bas-Saint-Laurent), réalise un vieux rêve : offrir une résidence de création à un auteur et lui donner l’occasion de créer des liens et des projets au cœur de la communauté mitissienne.
Julie Boivin : « On a eu des dons de meubles pour la résidence, des commandites pour les matelas. Toute la communauté s’est impliquée pour les corvées de peinture. On a failli ne pas y arriver. Si ça ne fonctionnait pas, c’était le bulldozer, on a eu des retards, mais finalement ça y est! Depuis que le Château est ouvert, la perception de beaucoup de gens a changé. Les gens viennent, participent, ils sont contents. Le Quatuor Saint-Germain, la rencontre avec Biz, le vernissage de Marie-Claude Hamel et d’Isabelle Blouin-Gagné, c’était plein. Et on vient d’avoir des sous pour bien équiper la salle avec une scène amovible et un son et une lumière de qualité. On veut maximiser l’utilisation de cette salle intime.
Avec la Ville, on a une belle collaboration et une mise en commun des énergies. On travaille toujours de concert avec la bibliothèque Olivar-Asselin et les Jardins de Métis. Il faut vraiment continuer le partenariat et se parler. L’été, on sera encore présent aux Jardins, mais la Ville va présenter des événements au Château. Finalement, rajoute-t-elle avec humour et fierté, on fait une belle intégration verticale : diffusion, production et création! »

L’équipe du CLAC de la Mitis : Julie Boivin, le conteur en résidence Michel Faubert, Cylia Themens et Camille Crédeville. Photo : Gracieuseté
Sa complice et collègue Cylia Themens ajoute : « Le Château est devenu un lieu de rassemblement, on voit des gens qui ne sortaient plus à Mont-Joli, qui n’allaient pas au restaurant. C’est un bel échange : des gens viennent à nos activités et reviennent au café, et des gens qui viennent au café finissent par venir à nos activités. »
Julie Boivin : « On prépare la communauté, avec les médias, les professeurs. On regarde aussi ce que Michel Faubert a envie de faire, on s’adapte. On veut rester concentré dans la Mitis et avoir un effet structurant. On veut aller plus loin qu’une représentation de spectacle. On veut créer des liens et faire en sorte que la culture soit présente partout. Imaginez : un écrivain qui vient aux Jardins cet été pourrait venir avec sa famille, on a trois chambres! Et pour le futur, on est en train de penser à offrir des résidences de création en dehors de nos périodes occupées. »
Michel Faubert : auteur et conteur en résidence
Après l’auteur Jacques Pasquet, en 2014, c’est maintenant au tour du conteur Michel Faubert de passer deux mois dans la région. Il sera cependant le premier à jouer au châtelain puisque c’est lui qui va inaugurer le troisième étage du Château Landry. L’école et la résidence de personnes âgées où il va faire plusieurs rencontres et interventions se trouvent à quelques pas.
Le conteur et musicien est un habitué de la région… et du monde du livre, puisque depuis deux ans, il anime des entrevues au Salon du livre de Rimouski. Au début de sa carrière de conteur, il a fait beaucoup de collectes de contes. Plusieurs proviennent d’un conteur de la Gaspésie, et il a bien l’intention de le mettre à l’honneur. Michel Faubert : « Je parle beaucoup d’Ernest Fradette dans mes histoires, parce que je l’ai connu, mais je conte beaucoup d’histoires qui viennent de Léon Collin de Saint-Joachim-de-Tourelle, maintenant fusionnée avec Sainte-Anne-des-Monts. Là, je vais faire plusieurs rencontres dans des écoles, je vais travailler avec des personnes âgées et je vais peut-être rencontrer des gens de la région qui l’ont connu. » Très enthousiaste, le conteur nous dit ce qu’il aimerait faire pendant son séjour : « Je voudrais amener les jeunes à collecter des contes, à aller voir des vieux pour leur faire raconter des histoires. Souvent, les gens âgés ont l’impression qu’ils n’ont rien à raconter, et ce n’est pas toujours dans les familles que les jeunes apprennent à poser des questions sur la vie de leurs grands-grands-parents. Moi, ça va aussi me ramener à la collecte. Mon école du conte, au début, ça a été dans les écoles primaires à Montréal. Je reviens à quelque chose que je n’ai pas fait depuis longtemps. Même avec les spectacles, je redécouvre le plaisir des petites salles, des lieux alternatifs, il y a plein de circuits qu’on peut visiter en dehors des grandes salles officielles. » Le conteur pose des questions, s’intéresse à ce que faisait son prédécesseur, Jacques Pasquet, s’emballe à l’idée de tenir, lui aussi, un billet dans L’Information, l’hebdomadaire local, et parle des projets qui l’habitent : « Mon prochain spectacle, qui sera présenté en rodage en septembre à Trois-Pistoles, est situé entre le conte traditionnel et la science-fiction de Solaris. C’est l’histoire du chien canard et c’est le conteur de Trois-Pistoles, Mathieu Barrette, qui en fait la mise en scène. J’ai aussi un projet de livres avec le répertoire de Léon Collin et de la chanson avec quelques complices musiciens. »
Après l’auteur Jacques Pasquet, en 2014, c’est maintenant au tour du conteur Michel Faubert de passer deux mois dans la région.
La résidence d’écriture de Michel Faubert se terminera avec la Crue des mots, qui se déroulera du 19 au 25 avril. Il y aura 200 rencontres dans les écoles, une vingtaine d’auteurs, dont Simon Boulerice, qui ira à l’école de Les Hauteurs donner des ateliers en vue d’un marathon d’écriture, le bédéiste Voro et François Barcelo. Michel Faubert ne sera pas le seul conteur invité pour cette grande fête de la littérature jeunesse, car François Lavallée y présentera son nouveau spectacle. On annoncera bientôt toute la programmation, puisqu’au-delà de la littérature jeunesse, il y a aussi un volet grand public, et plusieurs rencontres et cabarets sont prévus.
Mais avant le CLAC?
Le CLAC a vu le jour en 2002. Il est le fruit d’un travail acharné en développement culturel, surtout dans le domaine de la littérature, parce qu’il est l’héritier du Salon de la littérature de Mont-Joli qui existait depuis 1979. Liz Fortin, l’une des fondatrices de ce Salon, s’occupe maintenant de la bibliothèque Olivar-Asselin et travaille en étroite collaboration avec le CLAC. Je dis « travaille », mais l’enseignante à la retraite fait, dans ce domaine, du bénévolat depuis toujours : « Tout a commencé quand j’ai été chargée de cours à l’UQAR en pédagogie. On a fait de petits événements autour du livre à Price, les parents étaient ravis, on nous a demandé d’aller plus loin. La Ville nous a aidés, avec le maire Jean-Louis Desrosiers, ce n’est pas pour rien que la bibliothèque de Mont-Joli porte son nom. On a eu des salons qui ont duré une semaine à l’aréna. On avait des ateliers littéraires, des pièces de théâtre, de la musique. La librairie L’Hibou-coup venait d’ouvrir ses portes et le libraire Michel Dufour a vraiment développé son créneau jeunesse. Toutes les forces allaient dans la même direction. Aujourd’hui, je trouve que les choses ont avancé. Le besoin de rencontrer, le besoin de culture dans les écoles, il est bien implanté. Il y a toujours des mordus qui y croient, et s’ils n’ont pas toujours le temps pour s’en occuper, ils nous font confiance! La fréquentation des événements est à la hausse et la concertation est toujours au rendez-vous. »
EN RAFALES…
le CLAC, c’est…
Nombre d’activités annuelles : 345 en 2013-2014 (en augmentation)
Nombre d’employés : deux à temps plein à l’année et un à temps plein neuf mois par année
Budget annuel : 215 000 $ en 2013-2014
Public : 8 953 personnes ont assisté à un événement du CLAC l’année dernière.
Auteurs et conteurs reçus : 47
Musiciens reçus : 28
Le CLAC travaille depuis 2008 au projet du Château Landry. Plus d’un million de dollars a été investi au total pour sa réalisation.
www.clac-mitis.org