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Le communautaire : pas les moyens de s’en passer

Par Véronique Thibault le 2015/03
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Le communautaire : pas les moyens de s’en passer

Par Véronique Thibault le 2015/03

Octobre 2012 : tous les acteurs du mouvement communautaire autonome se rassemblaient à Québec lors d’une grande manifestation dans le cadre de la campagne « Je tiens à ma communauté. Je soutiens le communautaire ». Le manque à gagner entre le financement accordé par le gouvernement et les besoins réels pour répondre à la mission des 3 000 organismes communautaires œuvrant en santé et services sociaux au Québec était de 225 millions de dollars. S’ajoutaient les besoins des 1 000 organismes des autres secteurs. Malgré une promesse du gouvernement Marois d’investir 164 millions de dollars, l’élection des libéraux au pouvoir a ramené les organismes à la case départ.

Encore aujourd’hui, le mouvement communautaire réclame une augmentation du financement pour répondre à sa mission. L’an dernier, l’écart entre les demandes de financement et les besoins financiers réels étaient de 11 millions de dollars au Bas-Saint-Laurent, uniquement pour les organismes œuvrant en santé et services sociaux. Qu’est-ce que cela signifie concrètement? Une équipe de travail restreinte, des salaires très faibles, des services essentiels mis sur la glace, des activités en moins, l’apparition de listes d’attente, l’obligation de tarifer certains services, etc. En somme, cela amène les organismes communautaires à s’éloigner, contre leur gré, de leurs principales valeurs : la justice sociale, l’égalité et l’équité.

Ces organismes réclament 225 millions de dollars. Mais ce qu’il faut savoir, c’est que cette somme ne représente que 0,75 % de l’ensemble du budget du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS). Bon an, mal an, le MSSS accorde environ 1 milliard de dollars aux compagnies pharmaceutiques. Les médecins spécialistes, quant à eux, ont reçu une augmentation substantielle de leur salaire récemment; pourquoi le milieu communautaire ne pourrait-il pas lui aussi bénéficier de ce qui lui revient? La prévention effectuée par les organismes communautaires fait épargner des sommes importantes au MSSS chaque année, entre autres parce qu’ils offrent des services complémentaires au réseau public. Les organismes communautaires offrent des services de première ligne, font de la prévention, de l’intervention, de l’accompagnement, brisent l’isolement, répondent à des situations de crise, d’urgence, défendent les droits de la population, etc. En résumé, les ressources du communautaire, on n’a pas les moyens de s’en passer!

Les coupes dans tous les secteurs ont en effet direct sur les organismes communautaires : l’effet domino.

Les mesures d’austérité touchent les organismes communautaires de différentes façons : elles diminuent la qualité de vie de ses travailleuses et de ses travailleurs et elles affectent directement les populations vulnérables. « Nous devons déjà faire l’impossible pour maintenir nos activités et répondre le mieux possible à nos missions. Imaginez le casse-tête avec les mesures d’austérité! »

L’effet domino

Les coupes dans tous les secteurs provoquent un effet domino. Qui s’occupera de l’aide aux devoirs si les commissions scolaires ne le font plus? Qui s’occupera d’accompagner les parents d’enfants handicapés? Qui s’occupera de tous les gens qui ont besoin de soins en santé mentale et qui n’ont pas accès à ces services dans le réseau de la santé compte tenu des listes d’attente? Qui s’occupera des personnes victimes de violence? Qui s’occupera des personnes qui vivent une situation de crise? Qui s’occupera des familles ayant perdu des emplois et ayant peine à se loger et à se nourrir? Ce sont les organismes communautaires qui ont été fondés par, pour et avec la communauté. Mais qui s’occupera de la population s’ils sont contraints de fermer leurs portes par manque de financement? Des gens dans le besoin risquent fortement de se retrouver dans le système de la santé et de créer encore plus d’engorgement… ou encore pire, de s’isoler du reste de la société.

Le gouvernement de Philippe Couillard mise sur des modèles uniques de gestion pour toutes les régions du Québec et sur une « rigueur » purement administrative. En centralisant les pouvoirs, on enlève un poids décisionnel aux régions qui perdent leur identité, leur spécificité et leur fierté.

Ne perdons pas notre enracinement et ne fragilisons pas nos acquis. Tout comme les régions, le communautaire, on n’a pas les moyens de s’en passer!

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