
Dans cette section, le rédacteur en chef du Mouton Noir, Marc Simard, partage avec les lecteurs ses coups de gueule, des textes coup de cœur de collaborateurs et encore plus…
Cette semaine, Marc vous invite à lire le texte du Comité AVEC du Collectif pour un Québec sans pauvreté, Québec, sur les coupes proposées au gouvernement du Québec dans le cadre des travaux de la Commission permanente de révision des programmes..
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Nous sommes le comité AVEC, un groupe de citoyenNEs de toutes les régions du Québec qui agit à l’intérieur du Collectif pour un Québec sans pauvreté. Notre comité est composé majoritairement de personnes en situation de pauvreté, mais aussi de chercheurEs et d’intervenantEs. Comme personnes mobilisées contre la pauvreté et l’exclusion sociale, nous sommes inquiètes des coupes qui découleront de la démarche de révision des programmes entreprise par le gouvernement du Québec. Elles auront des impacts importants sur touTEs, particulièrement sur les personnes en situation de pauvreté.
Nous nous questionnons sur la Commission de révision permanente des programmes mise sur pied par Martin Coiteux, président du Conseil du trésor, et sur sa façon de consulter la population à ce sujet. Nous soutenons que l’espace de « dialogue social » proposé par le gouvernement – sur la tribune Web «Exprimez-vous » – est un processus qui colporte plusieurs préjugés, notamment à l’égard des personnes en situation de pauvreté, et en favorise même l’émergence. Par exemple, certains commentaires laissent entendre que les gens sur l’aide sociale sont des fraudeurs et des profiteurs qui choisissent de ne pas travailler et préfèrent rester sur l’aide sociale de génération en génération. C’est bien mal connaître la réalité quotidienne des personnes à l’aide sociale que d’affirmer cela. Nous nous demandons pourquoi le gouvernement accepte de diffuser ce genre de propos désobligeants.
Non seulement les questions provoquent une avalanche de préjugés, mais elles sont également biaisées. On nous amène à réfléchir en termes de coupes, et non à un questionnement plus large qui inclurait aussi les revenus de l’État. Cette façon de faire nous laisse croire que le gouvernement pourra utiliser ces préjugés pour justifier les décisions politiques à l’issue des travaux de cette commission. D’autres options sont pourtant possibles. Rééquilibrer les finances publiques, oui, mais pas sur le dos des personnes les plus pauvres de notre société!
Les premières compressions annoncées à l’aide sociale (dans les programmes de réintégration au travail) sont injustifiées, et surtout injustes. Ce sont les gens les plus vulnérables de la société qui écoperont par ce saccage, au nom d’une économie de quelques millions. Des miettes, comparé à ce que ce gouvernement tente d’aller chercher. Nous réitérons qu’il doit trouver des solutions différentes, entre autres, en augmentant ses revenus fiscaux provenant des entreprises et des mieux nantis, ou en combattant l’évasion fiscale. Le gouvernement devrait éviter à tout prix de s’en prendre aux services offerts aux gens qui sont déjà en situation de précarité. Malgré ce qu’il prétend, en coupant dans l’administration, il s’en prend en réalité à la quantité et à la qualité des services offerts à la population en général, et aux personnes les plus vulnérables de la société en particulier.
Le message que nous voulons lancer est qu’il est nécessaire de préserver nos programmes sociaux. Ces programmes, tout comme la lutte à la pauvreté, ne doivent pas être vus comme des dépenses, mais comme des investissements, sur le plan humain comme sur le plan financier. Nous demandons d’ailleurs au gouvernement de prendre en compte les idées issues des travaux du Collectif pour un Québec sans pauvreté. Parmi ses revendications, le Collectif identifie les services et protections publics comme des moyens concrets de lutter contre la pauvreté.
Nous, du comité AVEC, en avons assez des vagues d’austérité qui ciblent les plus mal pris de la société.
Nous crions au voleur! Au voleur, de dignité, de santé, de droits humains, de vie!
Michel Dubé, Noëlla Vincent, Micheline Bélisle, Michel Bellemare, Guylaine Bélanger, Christine Cadrin, Lyse Doré, France Fournier, Jean-Pierre Hétu, Laurence Lavoie, Frédéric Mailhot, Mélanie Moreau, Judith Morisson, Denis Chicoine, Joan Tremblay, Sophie Boyer.