
Pour ce quatrième album, l’auteur-compositeur-interprète, Philippe B, reste fidèle à ses habitudes en livrant une pop s’élevant quelques kilomètres au-dessus de la masse commerciale. Sans toutefois utiliser des échantillons de musique classique comme dans Variations fantômes (2011), il laisse échapper quelques clins d’œil à de grandes œuvres telles que le « Sacre du printemps » (Stravinski), « Nuit sur le mont Chauve » (Moussorgsky), l’ « Abîme des oiseaux » (Messiaen) et « Ornithology » (Parker), question de ne pas laisser le jazz sur le carreau. Les références demeurent toutefois très subtiles et l’auteure de ces lignes n’est à ce jour pas parvenue à toutes les débusquer.
Même en faisant abstraction de ces inspirations, les chansons de l’Abitibien se démarquent, à l’écoute, par la richesse du langage utilisé, qui crée un pont entre les univers classique et populaire. Harmonie soignée, mélodies alambiquées (par le fait même moins accrocheuses que dans l’opus précédent) et instrumentation étoffée se fraient un chemin dans des morceaux qui sont malgré tout très accessibles par leur forme et leur propos.
Sous la guitare folk conventionnelle de « La complainte du scaphandrier » se cachent de charmantes anches staccato. « Calorifère » nous fait glisser d’un contraste à l’autre, entre froideur et chaleur, entre nuit et lumière. « Cheveux courts, cheveux longs » est plus banale mais bénéficie, comme plusieurs autres pistes, d’un apport très intéressant des vents. « Alice » intrigue par son texte énigmatique. Quant à « La maison sauvage », elle prouve que le piano, même utilisé en toute simplicité, peut être au service d’une pop tout à fait moderne.
L’album gagne à être écouté dans des conditions optimales (donc, pas en voiture dans le trafic avec un mauvais système de son) afin de mieux apprécier la finesse de la réalisation et des arrangements. Avec une si jolie pochette, pourquoi se priver de la beauté d’écouter un album en y accordant toute son attention, paroles sous le nez?