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Le Canada de Philippe Couillard

Par Pierre Landry le 2014/03
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Le Canada de Philippe Couillard

Par Pierre Landry le 2014/03

Ainsi, le fédéralisme canadien s’est trouvé un nouveau défenseur tous azimuts en la personne de Philippe Couillard. Sans nuances, sans formuler de revendications, sans esprit critique, sans contester aucune des actions ou des inactions du gouvernement Harper, le nouveau chef du Parti libéral du Québec préconise un à-plat-ventrisme rampant qui a dû faire frétiller dans leur tombe non seulement le combatif Jean Lesage, mais même un Robert Bourassa pourtant beaucoup plus timoré.

Qui ne dit mot consent. C’est donc un portrait peu élogieux que M. Couillard cautionne en avalisant ou en ne dénonçant pas les affres des troupes de Stephen Harper. La liste est longue, mais la mémoire est courte. Il est bon de la stimuler de temps à autre : des scientifiques qu’on muselle; des bibliothèques qu’on ferme; des groupes écologistes harcelés par le fisc; des ONG qu’on affame, alors qu’on subventionne indûment et grassement des fanatiques religieux qui distillent leur prosélytisme au sein de populations parmi les plus pauvres et les plus vulnérables de la planète; des sénateurs qui se conduisent comme des goujats, véritables goinfres, le groin enfoui dans l’auge des fonds publics; un parlement qu’on bafoue et dont on se moque comme si nous vivions sous une dictature et que les règles, procédures, analyses et discussions liées à l’étude des projets de loi n’étaient que des archaïsmes, des barrières et des freins inutiles face au bulldozer de l’univocité totalitaire; des chômeurs qu’on traite comme des parias au détriment des régions qui se vident; un copinage indécent avec les bonzes du pétrole et autres magnats de l’industrie lourde; un déni suicidaire quant à l’existence et aux conséquences du réchauffement climatique, un terme qui n’apparaît dans aucune des quelque 200 pages du dernier budget Flaherty; un laxisme et un parti pris meurtriers au chapitre de la déréglementation qui ont fait des convois ferroviaires qui traversent nos villes et villages de véritables bombes incendiaires à retardement au moment où la seule priorité demeure le transport des marchandises et qu’on abandonne celui des passagers, comme si les êtres humains n’étaient qu’un bétail non rentable; une idéologie créationniste qui fait fi de la science et de ses lumières. Et j’en passe. Et des pires.

C’est ça le Canada de Philippe Couillard? Et, aux fins de mémoire toujours, je suppose que son idéal, c’est aussi le Canada d’un Jean Chrétien sous la gouverne duquel on s’est fait voler le référendum en 1995 et qui nous a laissé en héritage le scandale des commandites? Et celui de Paul Martin votant une loi sur les paradis fiscaux qui avantageait sa flotte, ce même Martin vidant la caisse de l’assurance-emploi tout en pelletant le déficit de l’époque dans la cour des provinces (tiens, tiens…)? Et du fait de son amour du multiculturalisme, Couillard garde certainement aussi un bon souvenir de l’époque Trudeau (Mirabel, Forillon, Loi sur les mesures de guerre…). Avec cet aréopage de grands leaders, on pourrait affirmer que la devise de la franchise libérale, sur la scène fédérale autant que sur la scène provinciale, n’est plus Maîtres chez nous mais bien Traîtres chez nous! Un mot d’ordre auquel adhèrent étrangement aussi les Paradis, Lebel, Blaney et Bernier du gouvernement Harper.

Et M. Couillard souscrit-il aussi à l’héritage d’un Jean Charest dont les neuf ans au pouvoir nous ont laissé ce Québec miné par la corruption et dont toute la splendeur jaillit aujourd’hui, soulevée par les pales de la commission Charbonneau?

On n’est pas sortis de l’auberge. À moins que…Vous souvenez-vous de ce mauvais jeu de mots qui faisait la joie des cours d’école à l’époque : « R’garde l’oiseau su’l fil… hip, y va tomber! »

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