Actualité

Quand la soif de l’argent devient pathologique

Par Annie Poirier le 2013/07
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Quand la soif de l’argent devient pathologique

Par Annie Poirier le 2013/07

Après les célèbres ouvrages Les dérives de l’industrie de la santé et L’envers de la pilule, le socioéconomiste et philosophe Jean-Claude St-Onge nous dévoile la corruption et les jeux de pouvoir qui se trament au sein du développement du médicament supposément destiné à enrayer tous les maux psychiques de ce monde.

Nous connaissons tous un acteur décrit comme bipolaire, un peintre schizophrène, une tante dépressive, une conjointe anxieuse, un enfant avec un trouble déficitaire de l’attention avec (ou sans) hyperactivité (TDAH). Le monde de la psychiatrie semble étendre ses tentacules pour enlacer une partie toujours croissante de la population. Qu’est-ce qui explique ces apparentes épidémies ?

À travers un plaidoyer rigoureux, l’auteur nous amène à porter un regard critique sur la fabrication de diagnostics qui sont insérés dans le Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (DSM). Cette bible des psychiatres est religieusement utilisée pour imposer des étiquettes de « maladies mentales » qui, comme le disait Foucault, n’existent que dans une société donnée. Il rappelle que nul ne connaît les réels fondements des différences psychiques bien que la communauté scientifique les attribue à un déséquilibre chimique, ce qui n’a jamais été démontré. La psychiatrie abordée sous l’angle moléculaire reflète le courant réductionniste qui tend à inonder la médecine. Dans cette approche, l’individu est décontextualisé et l’on ne prend donc pas en compte ses réalités psychosociales souvent plus significatives pour expliquer son état de santé. L’industrie pharmaceutique préfère exclure ces évidences et parfaire sa propre santé économique avec un lobbying d’un poids écrasant, le tout avec des chiffres d’affaires de plusieurs milliards, sans mentionner que la collusion se joue à coup de millions.

À travers un essai scrupuleusement bâti de sources indépendantes, l’auteur nous démontre comment ces grandes compagnies pharmaceutiques arrivent à influencer les lignes directrices sur lesquelles s’appuient les médecins dans leurs traitements. Avec ces recommandations, les professionnels de la santé font donc figure de marionnettes ignorantes, bâillonnées ou corrompues. Quiconque tente de remettre en question l’efficacité et l’innocuité des neuroleptiques, ces « guérisseurs de l’âme », se voit intimidé.

Jean-Claude St-Onge dénonce la surconsommation de médicaments qui sont largement prescrits en dehors des indications pour lesquelles ils sont approuvés. Les essais cliniques sont effectués d’une façon qui ne permet pas de démontrer les effets à moyen et à long terme sur les « cobayes », et les conséquences néfastes aiguës sont exclues des publications scientifiques. Les dommages collatéraux incluent l’induction presque instantanée de diabète, de mouvements anormaux, d’AVC, de dysfonction sexuelle… La liste est sans fin. Sans compter la création de troubles anxieux, dépressifs et psychotiques, les éléments qu’ils prétendent combattre. Résultat : des taux de suicide et de comportements violents significativement plus élevés qui ne sont jamais divulgués dans les études publiées.

Jean-Claude St-Onge tente donc courageusement de juguler les conséquences dévastatrices qu’ont ces médicaments sur une société « désinformée » et désormais soumise à une contention chimique. Difficile de ne pas rappeler qu’une personne devrait pouvoir faire des « choix libres et éclairés » face à son avenir.

Des faits à rendre fou.

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