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Les diables du paradis

Par André Mainguy le 2013/07
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Les diables du paradis

Par André Mainguy le 2013/07

Les paradis fiscaux, c’est connu, profitent seulement à un petit groupe, majoritairement des hommes, et les pertes de revenus qu’ils provoquent pour les États signifient une plus grande ponction dans les poches de la classe moyenne et des services en moins pour les démunis et les personnes âgées.

Il y a différents types de paradis fiscaux, ceux qui sont autorisés par le gouvernement du Canada et par les autres gouvernements du G8 et du G20, sans compter les dictatures. Le Canada dit vouloir lutter contre l’évasion fiscale, mais curieusement il laisse plusieurs entreprises recourir à des paradis fiscaux afin, selon ce qu’on nous dit, qu’elles demeurent compétitives. On devrait exiger du gouvernement du Canada qu’il fournisse annuellement la liste des entreprises canadiennes qui profitent de ce genre d’évasion.

Le tabou des paradis fiscaux

Le gouvernement du Canada comptait 200 experts en matière de lutte à la fraude fiscale à l’Agence du revenu du Canada, à Montréal, quand l’unité a été abolie. Toutefois, il y a quelques jours, la ministre de Revenu Canada Gail Sheaa a autorisé un budget de 30 millions de dollars sur cinq ans pour lutter contre l’évasion fiscale. Que penser de cette décision quand, en parallèle, l’État fédéral met tout en œuvre pour traquer les chômeurs saisonniers, comme s’ils étaient coupables d’être nés dans un pays où les saisons influencent les occupations?

Un grand État manque souvent de sensibilité. Le Canada, c’est grand, et les politiciens ont très peu d’intérêts pour les problèmes régionaux qui mobilisent beaucoup trop le temps des fonctionnaires, tant à Ottawa qu’à Québec. Si le Québec devenait un pays, il serait beaucoup plus facile de faire valoir nos particularités et de lutter contre les paradis fiscaux. Sans une mobilisation du peuple, l’évasion continuera d’exister.

Enfin, lorsque la famille Irving invite des ministres fédéraux à un club de pêche au saumon sur la rivière Restigouche, c’est sa façon de dire merci de ne pas modifier les lois qui n’interdisent pas les paradis fiscaux. Chaque fois qu’un ministre fédéral a été dénoncé pour un voyage chez les Irving, la réponse a toujours été la même : « Ces gens sont civilisés, ils ne nous demandent aucune faveur en retour. » Le pire, c’est qu’ils ont raison, mais en fait les Irving s’assurent ainsi que rien ne changera dans les privilèges qui sont les leurs.

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