
Quelques mois après le premier jalon de sa trilogie ambitieuse Balade, Malade, Salade, Edgar Bori nous offre enfin le deuxième épisode. Ce dernier se veut propice à des expérimentations sonores sans bornes, où les sons de synthèse et les échantillonnages variés sont partie intégrante du paysage sonore. Rencontre en dix chansons avec un cerveau troublé.
Malade ne fera pas l’unanimité. Il mérite en revanche qu’on s’y attarde, paroles en main si possible, et qu’on le réécoute, question de laisser mûrir les premières impressions. Le jeu en vaut la chandelle ; on n’a pas affaire à du pur divertissement, mais cet opus respecte sa promesse d’album fort original dont la démarche poussée justifie les choix esthétiques inusités, parfois inconfortables.
L’âme et l’oreille s’offrent des montagnes russes. La poésie bien tournée de Bori est tantôt déclamée, tantôt chantée avec aisance et musicalité. L’apparente folie de l’ensemble captive et fascine. Mais il y a risque de décrochage avec l’emploi de sonorités parfois dignes d’une soirée de danse sociale et « Peanuts pop-corn crème à glace », avec sa voix baignée d’hélium, semble s’étirer même si on comprend où l’artiste se dirige.
L’album comporte malgré tout plusieurs très beaux moments créatifs : « Journée d’enfer », une chanson teintée d’électro ; « Je suis Français », composée presque uniquement d’emprunts à l’anglais ; et « Tu ressembles d’un crapaud », dans laquelle la folie se fait plus légère.
Une proposition musicale pour les mélomanes en quête d’horizons surprenants, menée par un créateur accompli.