
La première chose que Les soeurs Boulay vous diront en montant sur scène, c’est qu’elles sont de vraies soeurs. La deuxième, c’est qu’il n’y a aucun lien de parenté entre elles et Isabelle Boulay. Originaires de New Richmond en Gaspésie, les demoiselles ont toujours baigné dans un environnement familial musical. La première éclosion du duo est survenue un lendemain de veille. Après s’être dit le « Je t’aime » cérémonial associé à ce genre de moment, les filles ont décidé d’unir leur voix. Elles enregistrent une vidéo et la diffusent sur un réseau social. Elle suscite un si grand intérêt que Mélanie et Stéphanie doivent créer un spectacle. Le temps passe et, au fil des ans, les soeurs continuent leur immersion musicale et montent souvent sur scène en tant que choristes. Puis, les choses s’enchaînent rapidement. Elles enregistrent un « maxi » (un mini album promotionnel), remportent les Francouvertes, concours réservé à la relève musicale francophone, et sont repêchées par la maison de disques Grosse Boîte, qui produit déjà Fred Fortin, Canailles et Coeur de Pirate. Plusieurs croient en elles, comme Kevin Parent qui trimbale le duo en première partie de son spectacle pendant environ un an.
Le poids des confettis
Les soeurs Boulay offrent maintenant un premier album à saveur country-folk épuré, éperons, violons et « pedal steel » en moins. C’est l’auteur-compositeur-interprète Philippe B (guitariste et réalisateur de Pierre Lapointe) qui a réalisé l’album. Se retrouve aussi dans la liste des collaborateurs Éli Bissonnette, dans une formule « tout inclus ». En plus d’être l’impresario à la tête de l’étiquette, le grand manitou signe la direction artistique et met la main aux décibels en jouant des doigts sur « Lola en confiture » et de la valise et des pieds sur « Des shooters de fort sur ton bras ». Le polyvalent cinéaste-auteur-compositeur-interprète, Stéphane Lafleur (Avec pas d’casque), passe presque inaperçu même s’il offre deux pièces clés en main. Il signe textes et musiques de « Ôte-moi mon linge » et « Ton amour est passé de mode ». Une collaboration caméléon, car le « match » d’écriture est parfait. Les textes de Lafleur ainsi que ceux des auteures-compositrices-interprètes ont beaucoup en commun. Intimistes, ils sont empreints de candeur et de naïveté.
La musique, comme les textes, ne fait pas exception à « small is beautiful », cette règle de base qui semble gouverner la carrière des soeurs Boulay. Malgré des arrangements « 2.0 » un peu plus étoffés que sur le maxi précédent, l’authenticité et la simplicité sont toujours aussi perceptibles. Le réalisateur expérimenté a fait profiter le son Boulay de son expérience en ajoutant des instruments à la traditionnelle guitare et à l’habituel ukulélé employés par les filles. On entend aussi de l’harmonium, du violoncelle et de la mandoline, sans jamais dénaturer ce que sont les demoiselles Boulay : des femmes authentiques, simples. La vulnérabilité est un peu moins remarquable lorsqu’on écoute « T’es pas game », alors qu’elles nous avouent sur un air de « guitalélé » enfantin savoir installer des pièges et tirer du « 12 » sans trembler. Malgré une carrière débutante, il est rafraichissant de constater que les filles ne se gênent pas pour prendre position et offrir une chanson engagée. Tout comme l’avait fait Bernard Adamus, un autre protégé de Grosse Boîte, avec « Arrange-toi avec ça », elles enregistrent « Cul-de-sac », aussi inspirée du printemps érable.
Sans jamais tomber dans la mélancolie larmoyante, Le poids des confettis est un album touchant qui fait l’éloge de la vulnérabilité et de l’authenticité.