Il y a la mobilisation contre les modifications au régime de l’assurance-emploi et la mobilisation étudiante en faveur de changements majeurs en éducation supérieure. Il y a aussi la mobilisation contre plusieurs projets d’exploitation des ressources naturelles. Mais où sont les manifestations en appui à la lutte des autochtones ? Oui, la chef d’Attawapiskat, Theresa Spence, a fait la grève de la faim. Oui, dans l’Ouest canadien, certains se sont sentis interpellés. Oui, quelques manifestants ont crié pour leurs droits devant l’Assemblée nationale à Québec. Mais plusieurs Québécois continuent de croire que les Premières Nations se plaignent le ventre plein.
Les autochtones du Québec
Les dix nations amérindiennes et la nation inuite représentent environ 1 % de la population du Québec. Elles sont réparties dans 55 communautés autochtones. Des communautés pauvres où l’aide sociale est souvent la norme. Des communautés ou la violence conjugale est un fléau. Des communautés où la culture se perd. Des communautés où le mot « avenir » ne rime plus avec espoir. Pourtant, on assiste à un véritable baby-boom dans ce qu’on appelle communément les « réserves indiennes ». C’est dans ce contexte que plusieurs autochtones tirent la sonnette d’alarme et en ont assez de l’immobilisme, d’où le slogan devenu le mouvement Idle No More.
Un fossé important à combler
Il y a six ans, les conservateurs déchiraient l’Accord de Kelowna, une importante entente qui visait notamment à combler l’écart de pauvreté entre les autochtones et les autres Canadiens.
Le budget fédéral 2012, malgré des besoins criants, consacre uniquement 275 millions de dollars aux programmes éducatifs autochtones sur trois ans. Nous sommes très loin des trois milliards qui seraient requis pour offrir aux jeunes autochtones un système d’éducation équivalent à ceux des provinces.
En santé, Ottawa retire son financement à l’un des seuls organismes au pays à s’occuper spécifiquement de santé autochtone. Avec les maigres cinq millions de dollars que lui donnait annuellement le fédéral, l’Organisation nationale de la santé autochtone fournissait des services de santé vitaux aux peuples autochtones.
Les revendications
Les revendications des autochtones s’appuient sur le fait qu’il existe des droits ancestraux sur les terres et les ressources naturelles. Elles sont présentées dans des régions où les titres ancestraux n’ont jamais fait l’objet de traités ou d’autres dispositions légales.
L’autonomie gouvernementale est aussi au cœur des discussions entre les autochtones et les gouvernements. Elle est définie comme une forme de gouvernement conçu, établi et administré par des autochtones aux termes de la Constitution canadienne. Bien d’autres sujets font l’objet de revendications. Certaines requêtes ont rapport au développement économique, culturel et communautaire. D’autres touchent notamment les secteurs de la santé et des services sociaux, de la justice et de l’énergie.
Et maintenant
Quand on connaît les constats énumérés plus haut, il devient difficile d’ignorer le mouvement Idle No More. Est-ce que le peu d’intérêt des Québécois pour la cause est attribuable à l’ignorance de cet état de fait ? Pas seulement. Force est de constater que le racisme et la méconnaissance de l’autre représentent souvent le début du désintérêt pour la lutte autochtone. Tout le monde connaît un chômeur. Tout le monde connaît un étudiant. Tout le monde est touché par la corruption au sein de l’appareil politique. Mais qui connaît personnellement un autochtone ? Veut-on vraiment les connaître ? Qu’adviendra-t-il du mouvement Idle No More ? Sans doute pas grand-chose à court terme, ni même à moyen terme.