Depuis maintenant un peu plus d’un an, la Ville de Rimouski offre un nouveau mode de déplacement à ses résidents du centre-ville : le Citébus. Sans tomber dans l’apologie des raisons expliquant son succès mitigé, nous nous proposons de faire un bref survol de quelques moyens qui permettraient de rendre ce type de service public plus attrayant aux yeux des citoyens de Rimouski.
Comment optimiser le transport collectif à Rimouski ?
D’entrée de jeu, il importe de mentionner qu’un service de transport en commun génère des effets intéressants pour une ville. L’exemple le plus éloquent est certainement celui de la Ville de Québec. Des chercheurs ont démontré que l’implantation du service de transport Métrobus s’était traduit par une augmentation de la valeur des propriétés, donc de la valeur foncière, engendrant du coup une augmentation des impôts fonciers pour les municipalités1.
Or, afin d’optimiser l’utilisation du transport en commun et son effet sur les valeurs résidentielles, il existe de nombreux facteurs à considérer, le premier étant le niveau de compétitivité que le transport collectif peut offrir par rapport à un moyen de transport alternatif comme l’automobile. Lorsque les citoyens ont à se déplacer, un certain nombre d’options s’offre à eux. Plusieurs critères entrent alors en ligne de compte. La qualité des infrastructures et des services offerts compte parmi les facteurs à considérer, notamment la propreté, la sécurité et le confort. Par exemple, si une personne prend un autobus et qu’aucune place assise n’est disponible, cette option devient nettement moins intéressante pour elle. Le prix constitue également un facteur déterminant : si le coût du transport en commun s’avère moins cher, il sera alors possible d’attirer des utilisateurs qui autrement auraient choisi d’autres alternatives de transport. En économie, le prix est une variable qui influence de façon fondamentale les décisions des individus.
En dépit de tous ces facteurs, c’est le temps de déplacement qui demeure le critère le plus important : est-ce que le transport en commun peut concurrencer l’automobile sur ce plan ? Le temps qu’une personne passe à se déplacer, elle ne le passe pas à faire autre chose. Et ça, ça représente un coût : un coût d’option. Rappelons qu’actuellement, le temps de déplacement en autobus à Rimouski est non concurrentiel. Non seulement le système de transport en commun actuel n’est pas capable de concurrencer l’automobile, mais il est incapable de concurrencer la marche pour une personne qui vit au centre-ville. Aussi cette option est-elle peu désirable et peu envisageable pour les citoyens. La réduction du temps de déplacement réside donc dans une reconfiguration du tracé actuel. Il est essentiel d’avoir des axes structurants pour améliorer le passage et de développer des connexions avec ces axes. Mais cette restructuration a un coût : l’augmentation du temps de marche entre les arrêts. Chercher à minimiser le temps de marche des utilisateurs en voulant passer partout n’est pas une bonne option, surtout si elle augmente le temps de transport en autobus.
Le transport collectif : un choix de société
Si le transport en commun peut avoir des impacts fiscaux positifs pour une municipalité, on ne peut affirmer qu’il en génère suffisamment pour s’autofinancer. On ne peut donc pas dire que le transport en commun soit un service « rentable ». Mais la rentabilité n’est pas le propre du transport en commun : ce dernier doit être vu comme un choix de société. On fait le choix d’investir dans le transport en commun non pas parce que c’est rentable économiquement, mais parce que ça peut diminuer les coûts sociaux et environnementaux : le fait de ne pas utiliser sa voiture engendre une diminution des émissions de gaz à effet de serre, qui contribuent au réchauffement climatique, à la diminution de la qualité de l’air, de la qualité de vie, etc. À long terme, un système de transport en commun bien implanté peut également générer un dynamisme autour des axes sélectionnés alors que des commerces et des entreprises choisiront de s’implanter près des lignes d’autobus ou de métro.
Mais l’utilisation du transport en commun ne doit pas seulement venir du désir des citoyens de participer à cet effort collectif : il revient aussi à la Ville d’offrir un système qui, par son efficacité, les convaincra de le faire.
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1. Voir notamment François Des Rosiers, Marius Thériault, Marion Voisin et Jean Dubé, « Dœs the Overall Quality in the Supply of an Urban Bus Service Affect House Prices ? A North-American Case Study », International Journal of Sustainable Transportation, vol. 4, n˚ 6, 2010.