Le nouveau livre de Nicolas Dickner, Le romancier portatif, orne de son jaune éclatant les librairies depuis novembre 2011. L’auteur louperivois est devenu un incontournable des lettres québécoises contemporaines depuis la parution du célèbre roman Nikolski (2005) qui marquait du même coup la naissance de la maison d’édition Alto. Pour célébrer sa cinquantième publication, Atlo propose Le romancier portatif qui s’articule en 52 chroniques écrites par Dickner dans l’hebdomadaire Voir depuis 2006. Les profits réalisés seront remis à la Fondation pour l’alphabétisation qui met de la lumière autant chez les adultes que chez les enfants ; 7 $ pour la vente du livre et 5 $ pour sa version électronique.
Sous le thème de la littérature, les chroniques traitent du lecteur, de l’auteur, du temps de la narration, de la continuité des textes, des salons du livre, de Lady Gaga, des livres décoratifs dans les catalogues IKEA, de Scrabble… Bref, de tout ce qui touche de près ou de très loin à la littérature. Derrière ces bribes du quotidien, de grandes idées et de pertinentes réflexions toucheront le lecteur. Nicolas Dickner aborde certains dilemmes vécus par les auteurs ou les artistes : la volonté de s’inscrire dans sa contemporanéité, la relation qu’entretient l’auteur avec le lecteur, l’arrivée du livre numérique ou encore, l’écart qui se crée entre le nombre d’ouvrages publiés et le nombre de livres lus. Le romancier propose aussi sa propre théorie du monde littéraire. Nous y retrouvons les types d’écrivains (astucieux, ambitieux ou bigleux), les mots trop utilisés pour décrire un livre (fascinant, imprévisible, stupéfiant, captivant, exceptionnel, etc.) ou encore les différents genres de lecteurs (leur technique de lancer du livre, ceux qui lisent en marchant, etc.).
Dans l’univers de Dickner, tout est littérature et les métaphores sont tout aussi étonnantes qu’efficaces. Les chroniques plutôt courtes filent rapidement et forment un tout qui s’apparente à l’essai. Ce tricot habilement agencé comporte quelques mailles qui risquent de faire rire jaune certains lecteurs : l’appartenance de la littérature au domaine de l’inutile ou encore, la comparaison entre un catalogue de marchandise et la bible. Quoi qu’il en soit, l’éloquence des propos et la beauté des explications restent savoureuses.
Bien que Le romancier portatif ait pour sujet les lettres, certains passages sont très touchants et dévoile la personnalité de l’auteur : « En croyant relire nos livres d’enfance, nous mesurons en réalité le temps qui reste avant de tourner notre dernière page. » L’écrivain fait joliment allusion à son amoureuse, sa sociologue préférée, et surtout, à leur petite fille. En plus de découvrir une vision de la littérature tout à fait charmante, réelle, contemporaine et réfléchie, le lecteur sera séduit par l’auteur et son style tranchant.
Bref, les chroniques de Nicolas Dickner se lisent tout d’un bout, ou à chaque soleil levant. Elles feront jaillir les sourires et les réflexions, tout en permettant au lecteur d’en apprendre plus sur les inspirations, les méthodes d’écriture et les ambitions du chroniqueur. Il serait attirant de qualifier ce livre de fascinant, d’imprévisible, de stupéfiant, de captivant ou d’exceptionnel, mais je me contenterai de délectable ! Un livre qui plaira singulièrement aux passionnés d’écriture ou de littérature. Après tout, ce n’est pas tous les jours que nous avons la chance de traîner dans son sac, ou d’héberger à la maison, un romancier portatif.