La mobilisation et la participation citoyennes ont parfois la vie dure en ces temps d’ère individualiste. Cependant, il y a des personnes qui y croient, qui dénoncent, qui agissent, qui se rassemblent et s’impliquent activement ! À l’occasion du lancement de la programmation du Forum social bas-laurentien, j’ai voulu transmettre pourquoi de jeunes citoyennes choisissent de s’impliquer activement dans la réalisation du Forum. Voici ce que Julie P., Delphine et Julie M. avaient à nous partager.
Nadine Guilbert – Pourquoi vous impliquez-vous dans le Forum social bas-laurentien ?
Delphine – C’est pour moi une occasion unique de me rapprocher de la collectivité du Bas-Saint-Laurent, de mieux comprendre les enjeux de la région et de contribuer à un vent de changement.
Julie P. – Je vis ici, au Bas-Saint-Laurent. J’y ai étudié, j’y travaille, je m’y loge, j’y pense mon avenir, j’y consomme, j’y côtoie la communauté, je m’y identifie. Je suis liée aux personnes, aux structures socioéconomiques en place, aux orientations politiques. Je veux penser ma région, sentir que j’ai mes mots/maux à dire, participer aux changements auxquels j’aspire et construire le présent avec les personnes qui m’entourent.
Julie M. – Je m’implique dans l’organisation du Forum social bas-laurentien pour plusieurs raisons. D’abord parce que c’est un projet qui me stimule. J’ai hâte de voir les gens rassemblés à Esprit-Saint, discutant d’enjeux qui les touchent et d’actions possibles. Ça me donne beaucoup d’espoir de voir et d’entendre des citoyens engagés ! C’est aussi très formateur pour moi de faire partie d’une équipe aussi diversifiée, formée de personnes ayant une expérience et un vécu aussi variés. J’apprends énormément ! Et finalement, je m’implique pour faire partie de ce courant mondial, planétaire, qui croit vraiment en cet autre monde, possible et déjà en marche !
N. G. – Quel enjeu vous interpelle le plus ?
Delphine – La démocratie, le fait qu’il est difficile d’avoir un espace accessible à l’ensemble des citoyens pour se faire entendre sans discrimination et sans hiérarchisation.
Julie P. – La prise de position. L’ouverture à la diversité, au « faire autrement ». Se positionner, faire le choix de valoriser des alternatives (dans toutes les sphères touchant à la vie des communautés) qui aspirent au respect et à l’intégrité du bien commun au lieu de se voir imposer des mesures néolibérales. Dénoncer et renoncer aux inégalités sociales. Faire nos choix de société.
Julie M. – Il est vraiment difficile d’en choisir un seul. Il y a tellement d’enjeux importants en ce moment avec le résultat des dernières élections fédérales, le budget provincial, la privatisation de certains services publics et la hausse des frais de scolarité. L’environnement me préoccupe énormément, et ce, depuis longtemps mais encore plus depuis qu’on entend parler de l’exploration et de l’exploitation des hydrocarbures (le pétrole dans le golfe et le gaz de schiste dans notre sous-sol). Avec un peu de recul, je dirais finalement que c’est la tangente que prennent nos dirigeants qui m’inquiète le plus, un néolibéralisme sauvage, qui place le profit avant les gens et avant l’environnement. Pour moi, ça ne fait aucun sens.
N. G. – Êtes-vous d’accord avec le slogan Un autre monde est possible ? Et pourquoi ?
Delphine – Absolument. En redonnant le pouvoir d’agir aux citoyens, on ouvre la porte à des solutions créatrices et innovatrices.
Julie P. – Bien que je sois d’accord, je me questionne sur le concept d’un « autre monde ». Je pense que c’est à partir de ce qui est vécu ici et ailleurs, à partir de ce que nous créons maintenant que le monde s’adaptera, évoluera. Je crois que nous ne devons pas seulement croire en un autre monde, mais bien participer à la concrétisation d’alternatives pour « une mondialisation solidaire qui respecte les droits universels de l’homme (et de la femme !), ceux de tous les citoyens et citoyennes de toutes les nations, et l’environnement, étape soutenue par des systèmes et institutions internationaux démocratiques au service de la justice sociale, de légalité et de la souveraineté des peuples1 ».
Julie M. – Je suis tellement d’accord ! Je pense qu’un autre monde est possible, parce que partout on entend parler de gens qui posent de petits gestes et de grandes actions de toutes sortes, qui proposent et mettent en oeuvre des alternatives au modèle économique et politique actuel ! Je sais que ce mouvement existe et que, même si les médias de masse n’en parlent pas, il est bien présent. La prise de conscience ne peut que s’accentuer ! Et c’est en se réseautant et en créant des espaces de rencontres, de débats et d’échanges qu’on pourra concrétiser nos rêves d’un monde meilleur.
N. G. – Comment concevez-vous le Forum ?
Delphine – Un événement marquant pour la région qui contribuera à développer les sentiments d’entraide et de solidarité des citoyens.
Julie P. – Un espace pour collectiviser nos préoccupations et nos aspirations. L’opportunité de passer au concret, de vivre nos utopies, d’y croire ensemble et de se mettre en marche ! Un espace pour identifier et surpasser nos barrières (culturelles, idéologiques, sexuelles, religieuses, etc.) afin de communiquer et de se projeter ensemble dans le respect et la valorisation de nos identités. Un espace pour se donner des possibilités de vivre ensemble, au Bas-Saint-Laurent comme partout ailleurs.
Julie M. – Je pense que ce sera une fin de semaine très intense ! Je prévois de belles discussions dans les ateliers, mais aussi à travers les rencontres informelles. Je pense que ce sera très festif, avec la programmation culturelle que nous sommes en train d’élaborer, et je pense aussi qu’il y aura de belles surprises ! Finalement, j’espère que nous serons capables de reproduire, à petite échelle et temporairement, cet esprit de solidarité et de communauté que j’aimerais voir grandir et se perpétuer dans le temps !
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À la lecture de ces réponses, il me semble que le social se « réchauffe ». De plus en plus de gens prennent conscience que le modèle actuel ne peut plus durer. La braise est en train de reprendre et sera créatrice d’un autre monde, ici, au Bas-Saint-Laurent, comme ailleurs !
Alors, pour ceux et celles qui hésitent encore, viendrez-vous vous réchauffer et participer à cette chaîne humaine créative ? Plus cette chaîne sera longue, plus elle aura de l’impact. C’est le temps de vous joindre au mouvement ! Rendez-vous sur le site du Forum social bas-laurentien pour connaître la programmation et vous inscrire aux différents ateliers qui seront offerts du 29 septembre au 2 octobre, à Esprit-Saint.
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Note :
1. Voir la Charte de principes du Forum social mondial.