Champ libre

RMS et musiques actuelles

Par Annie Landreville le 2011/05
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RMS et musiques actuelles

Par Annie Landreville le 2011/05

Pour la douzième fois, en avril, l’évènement Rencontres de musiques spontanées était de retour à Rimouski. Ces Rencontres biannuelles de musique d’avant-garde, actuelle et improvisée s’avèrent un lieu essentiel d’échange entre les musiciens de cette communauté internationale et des musiciens locaux. Créateur de ce festival, le bassiste Éric Normand est devenu au fil des ans très présent sur les scènes de musiques actuelles, ici comme à l’étranger, à titre de musicien certes, mais aussi comme producteur et diffuseur. Tour de bras, qu’il a fondé, est à la fois le nom de l’organisme chargé des RMS et celui de son étiquette de disque, où viennent de paraître deux enregistrements de musique improvisée de belle facture.

Transition de phase, enregistré en concert, témoigne de la toute première rencontre entre le musicien australien Jim Denley (saxophone alto préparé et flûte), le Norvégien Kim Myrh (guitare acoustique, cithare et objets), ainsi que les Québécois Philippe Lauzier (saxophone soprano et clarinette basse), Pierre-Yves Martel (dessus de viole et électronique) et Éric Normand (basse électrique).

Qui dit rencontre dit échange, et le disque Transition de phase repose tout entier sur ce principe. Des échanges nourris par une écoute attentive des musiciens entre eux. Les trois phases de ce disque sont trois pièces, entièrement improvisées donc, et présentées dans l’ordre où elles ont été jouées en concert. Tout en douceur, la première de ces phases introduit un climat méditatif qui commande un temps d’arrêt pour s’y abandonner. On s’apprivoise…

Dès le début de la seconde phase, on sent qu’il y a là une affirmation un peu plus corsée. Les musiciens dialoguent, se relancent sans perdre cette qualité d’écoute. Le plaisir se sent, entre autres dans les rythmes qui s’intercalent et supportent discrètement une construction où tous finissent par se rejoindre. On sent à peine le changement entre la deuxième et la troisième phase de ce disque. Cette troisième phase est sans contredit la plus intéressante des trois, la plus exigeante sans doute avec ses 26 min 38. Rythme tribal, jungle sonore sans chaos, petits moments hors du temps ciselés par cet ensemble de musiciens où aucun, jamais, ne semble vouloir prendre le dessus sur les autres. Respect, écoute et plaisir. Dans un ordre et un désordre communicatifs.

Enregistré lors des Rencontres de musiques spontanées à l’automne  2009, Fléchettes réuni deux vétérans des musiques improvisées, soit le compositeur et improvisateur Jean Derome (saxophone, flûte, appeaux et petits instruments), respecté tout autant sur la scène jazz que dans l’univers des musiques d’avant-garde et le percussionniste français Lê Quan Ninh (grosse caisse « environnée »). Les enchaînements des deux musiciens font entendre tellement de sons divers que l’imagination travaille fort pour tenter de savoir d’où ils les ont tirés ! Une rencontre au sommet de 45 min faite de plusieurs petits moments qui s’enchaînent et s’entrechoquent, de virages à 180 degrés, de silences qui induisent une  certaine tension et de brefs instants de fureur.

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