– Chef! Chef! J’ai intercepté une conversation… subversible sur Fessebouc. Ça m’a l’air du monde dangereux qui… comment c’ qu’on dit ça..? qui conspirent contre l’ordre de l’établi. Lisez ça chef!
L’Ours Aidez-moi! D’la politique sans vision, un ti peu d’argent ici, un ti peu là. C’est dur de suivre quand on a eu UN René Lévesque et un projet de société rassembleur. Aujourd’hui, c’est le club des morons. On vote pour qui là?
Pépinot T’en as de ces questions, L’Ours… Pour n’importe qui, sauf pour les conservateurs, mais pour quelqu’un qui a de vraies chances. Ici, à Rimouski, c’est canné : le bloquiste passe par 10 000 voix. La région de Québec va avoir un gros impact ce tour-ci ; soit elle aide à élire Harper majoritaire en votant conservateur (et André Arthur…) comme la dernière fois, soit le vent vire et les dinosaures perdent 5-6 comtés (ou plus), restent minoritaires et bienvenue la coalition. Quoiqu’en dise Harper, un gouvernement de coalition qui représente 62 % des votants, 3 partis et plusieurs tendances est hyper-démocratique. Monnaie courante en Europe.
L’Ours Parlons-en des bleus. Laissez les sentiments et allongez les faits. En voici un: les bleus veulent abolir le financement public des partis politiques. Bon, vivement les économies, mais la démocratie là-dedans? Cela veut-il dire que les partis alternatifs n’auront plus de moyens? Serons-nous soumis aux lois des partis financés par l’entreprise privée? Ce type d’abolition me fout la trouille.
Pépinot Des faits? L’abolition de programmes de subvention à la culture qui permettent la production de centaines de documentaires et qui aident la diffusion d’œuvres culturelles à l’étranger. Autre fait : ils veulent acheter pour 29 milliards!!! d’équipement militaire. BUSH!
L’Ours Merci Pépinot. Ça colle une réalité à ce qu’on sent. Je me souviens du dernier délire fédéral à propos de la coalition, avec Stéphane Dion et sa fameuse vidéo… Proposer une coalition aujourd’hui, planifiée, organisée, m’apparait acceptable. Si ce n’était du Bloc québécois. Un parti qui prône l’indépendance du Québec ne peut pas se proposer pour gouverner le pays. Bref, pour que la coalition tienne, il faut aussi se débarrasser des bloquistes. J’opterai donc pour la coalition, mais sans le Bloc. Je vais voter libéral ou NPD, avec un préjugé favorable pour le NPD.
Pépinot Ici, on ne vote pas pour un parti, mais contre un autre… Et il y a le problème de la division du vote… Y aura pas un NPD ailleurs qu’à Outremont (Mulcair), alors est-ce que, insidieusement, voter pour eux n’aide pas les bleus à se glisser à travers les autres pour arriver en tête? À ce stade-ci, le Bloc défend les intérêts et les valeurs sociales des Québécois plus qu’il ne prône la souveraineté. Avec un Parti libéral très affaibli au Québec, s’il n’étaient pas là, les conservateurs passeraient comme une balle. Mais j’avoue qu’Ignatieff, malgré sa mauvaise presse, m’impressionne.
L’Ours Donc, deux objectifs : à court terme, éviter des conservateurs majoritaires; à moyen et/ou long terme, se doter d’un gouvernement fédéral qui nous ressemble. C’est ce second objectif, constructif, qui m’intéresse. En votant Bloc, on contribue au premier, mais on n’arrivera pas à faire émerger un parti fédéraliste intelligent. On joue aussi le jeu Harper. J’espérais beaucoup d’Ignatieff, un intello articulé qui a vécu à l’étranger et qui a publié. Puis plus rien. Silence radio. Rien ne le distingue.
Pépinot Tu le dis, silence radio… Tout dépend si le candidat fait, ou non, le jeu des médias : dire ce qu’il faut, à temps pour la tombée, etc. Là-dessus, Harper a su se les mettre à dos, mais il est le PM et est incontournable. Ignatieff avait tellement de ménage à faire dans son écurie, qu’il ne pouvait suivre la ligne de conduite du parfait petit chef, telle qu’attendue par les médias. Il y avait un os dans la soupe! Difficile d’établir des faits pour un chef de l’opposition. Il faudrait au moins donner la chance au coureur. N’est-il pas encore l’intello pro-culture qu’il a toujours été?
Capucine Ça sera la première fois que je ne voterai pas Bloc. Dans mon coin, Outremont, ça vaut pas la peine. Prise à choisir entre Mulcair et Cauchon… quand t’as connu la fébrilité des années péquistes en délire… Dure, dure, la politique d’aujourd’hui.
L’Ours Cette fébrilité est bel et bien derrière nous, Capucine. Appelons ça un pas. La marche n’est pas terminée. Mais, pour le moment, le silence est plus constructif que toutes ces interventions maladroites entendues ici et là sur l’indépendance. D’où mon intervention : Pour qui on vote là?
Pépinot Pour qui on vote là? Mais, L’Ours, c’était ton premier commentaire! On ne s’en sort pas!
L’Ours Ça fait juste chic de linker avec mon début. Je persiste : le modèle de coalition est le plus intéressant. Libre à chacun de le concrétiser dans son comté selon ses réalités.
CLIC
– Alors, chef?
– Attendons le 3 mai. Si Harper reste, on les coffre!