J’ai souvent lu et entendu dire qu’être rebelle était un gage de bonne santé ! Alors, je vous annonce que je suis en bonne santé! Depuis que l’argent a pris le pouvoir sur ma vie, malgré mes résistances, j’ai de nombreuses occasions de « chialer », comme on dit au Québec, et de me demander pourquoi nous ne sommes pas plus nombreux à être rebelles.
Je veux dire : pourquoi ne sommes-nous pas plus nombreux à lutter? Pas dans l’agressivité et la violence, lutter dans la colère et la résistance, espaces que la démocratie en principe nous garantit.
Je ne peux pas accepter que ma qualité de vie, celle de mes enfants et petits-enfants, celle de mes voisins, de mes amis, la vôtre soient dominées et règlementées par l’argent.
Je ne trouve pas correct que la rentabilité économique passe toujours avant l’intérêt et les besoins de nous autres, êtres humains.
Je ne trouve pas correct que les personnages politiques soient complices des grandes sociétés dont l’objectif est le profit maximum, en leur facilitant l’exploitation des ressources de l’environnement et du travail, au risque de la corruption et des conflits d’intérêts.
J’aurai l’occasion de vous parler de l’IDH (Indice de développement humain) que certains économistes aimeraient voir remplacer le PIB (Produit intérieur brut). Il est clair que le nouvel indice devra comporter des indicateurs d’un nouveau genre tels que l’espérance de vie en bonne santé, la part des énergies renouvelables dans la consommation, l’éducation, la pauvreté, la dégradation du capital environnemental… Nous pourrons aussi, un autre jour, explorer ensemble les arguments développés pour une « décroissance conviviale ». Je n’en suis pas porte-parole, mais je ne veux pas laisser passer d’occasions pour être rebelle avec d’autres rebelles qui sont si peu nombreux et toujours minoritaires!
Les municipalités sont aujourd’hui gérées comme des sociétés marchandes : les services aux personnes sont leurs marchandises, il faut qu’ils soient rentables. Les petites municipalités le font souvent dans les contraintes imposées par le pouvoir politique central. Les municipalités plus importantes le font plutôt par conviction : les élus sont persuadés qu’ils seront jugés aux résultats financiers et réélus s’ils sont bons.
Est-il vrai que les salaires des élus et certaines subventions de l’État sont calculés en rapport avec le nombre d’habitants? Si la réponse est oui, alors voilà une belle motivation pour faire grossir la population en annexant les populations voisines.
Je suis toujours surpris quand les élus parlent de leurs projets en millions de dollars et non en bienfaits pour la population. Pourquoi un projet de 50 millions serait-il plus profitable aux habitants qu’un autre de cinq millions? Pourquoi de grandes surfaces commerciales réunies en bordure de la ville seraient plus profitables pour les consommateurs que de nombreux petits commerces de proximité? (Ces grandes surfaces ont détruit les petits commerces, remplaçant le concept de bonne qualité par celui de bon marché, pas cher!) Ils me surprennent aussi, ces élus, quand ils disent qu’ils n’avaient pas le temps de faire mieux, mais que ce n’est que partie remise : lors de leur prochain mandat, ils feront mieux! Il y a un dicton qui dit : le temps, c’est de l’argent. Le tour est joué : les municipalités n’ont pas le temps et pas l’argent pour satisfaire leurs populations. Faut-il s’étonner alors qu’aux élections une grande partie des citoyens ne va pas voter ? Faut-il s’étonner alors que les majorités obtenues dans ces conditions n’aient pas d’opposition déclarée?
Qui ose parler encore de « démocratie » : souveraineté du peuple? Ce n’est pas en faisant semblant de consulter la population sans lui donner toutes les informations que nous vivons en réelle démocratie. Le manque d’information est d’ailleurs une des carences évidentes qui fait une large place aux experts de tous ordres.
Je veux encore répéter avant de conclure ces quelques lignes « rebelles » que les petites municipalités rurales sont prises dans un étau : d’un côté les rapport à la ville qui dévitalise son territoire, de l’autre l’état central qui ne tient absolument pas compte de leurs réalités quotidiennes.
Et le développement durable? Une nouvelle tarte à la crème? Voir l’implantation des éoliennes, les espoirs des pétroliers… Parlons plutôt, comme le forum social qui s’en vient, de développement social.
Un rebelle qui vous salue!