Environnement

L’autoroute 20 et l’aménagement du territoire: 
les citoyens ont droit d’exiger de la cohérence!

Par Jean Munro le 2011/05
Environnement

L’autoroute 20 et l’aménagement du territoire: 
les citoyens ont droit d’exiger de la cohérence!

Par Jean Munro le 2011/05

L’autoroute 20 se profile à l’horizon de la MRC de Rimouski-Neigette. Les travaux effectués par le ministère des Transports du Québec (MTQ) sont en cours à Cacouna, sur le tracé Cacouna – Trois-Pistoles, tracé défini par le MTQ et entériné par le ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs (MDDEP). La suite du tracé prévu vers Rimouski pose d’inquiétantes questions : la construction d’un grand pont sur la rivière Trois-Pistoles à un coût faramineux (85 millions $) et l’étalement de la 20 juste derrière Saint-Simon qui a déjà son lot de circulation en plein village en sont quelques-unes. En approche de Rimouski, la voie proposée dans le secteur Saint-Fabien – Bic passerait par le deuxième rang, traversant un paysage exceptionnel reconnu et coupant des terres agricoles d’une grande valeur classée. Vis-à-vis du Bic et de Saint-Fabien, le tracé, très rapproché, équivaudrait à enclaver les deux villages entre la 20 et la 132.

Cette autoroute, qui est vue par les élus comme un outil de développement « économique » longtemps attendu, risque-t-elle de mettre en péril les autres potentiels de développement de la région ? C’est la question que se sont posée les citoyens réunis dans le Regroupement citoyen pour la protection du territoire Bic – Saint-Fabien. Ce mouvement a vu le jour à l’occasion des rencontres locales organisées par le MTQ à l’automne 2010, alors que des citoyens ont réalisé l’importance des conséquences potentielles du projet sur le développement durable du territoire du Bic et de Saint-Fabien, et de toute la région.

Dans le choix du tracé, le MTQ doit tenir compte des recommandations de l’étude d’impact du MDDEP. L’étude précise que plus d’un tracé doit être examiné et que les considérations de protection des acquis et des bénéfices à la population sont importantes. Or, Transports Québec semble avoir abandonné rapidement l’axe nord le long de la 132, de même que l’axe sud, pour se concentrer sur l’axe centre. Dans la foulée, Transports Québec rencontre au cas par cas les élus des municipalités et les agriculteurs touchés par le tracé «privilégie» dans ce corridor. Quant à la population, le Ministère prévoit tenir des séances d’information au printemps 2011. De leur côté, les municipalités n’ont pas encore contacté leurs citoyens sur la question. Alors que le cahier de charges de l’étude d’impact, tel que présenté par le MDDEP, signale l’importance de consulter la population très tôt dans le processus, Transports Québec place cette étape en fin de parcours. Il devient évident que lorsque le Ministère s’adressera à la population, les consultations sectorielles orchestrées pour tendre vers le parcours privilégié auront fait leur travail et qu’il restera peu de place et peu de temps pour une discussion élargie et un remaniement du plan.

Il semble que ce soit Transports Québec qui définisse seul les objectifs et les contraintes de l’établissement de cette voie majeure pour le Bas-Saint-Laurent. Pourtant, les conséquences sur le développement du territoire sont si importantes qu’on s’attendrait à une prise de position préalable des instances de gouvernance de la région, ce qui n’est pas le cas présentement. Il y a pourtant le Schéma d’aménagement de la MRC de Rimouski-Neigette, qui apparaît comme une référence incontournable dans une réflexion élargie sur les tracés potentiels de l’autoroute 20.

S’appuyant sur les grandes orientations de la MRC pour le territoire Rimouski-Neigette, le Regroupement pour la protection du territoire Bic – Saint-Fabien avance les arguments suivants.

Le tracé privilégié par Transports Québec dans l’axe centre enclave les villages du Bic et de Saint-Fabien entre la 20 et la 132, compromettant leur développement futur. Il passe dans ou très près des villages, créant d’importantes nuisances sonores pour la majorité des résidents et détruisant l’image de lieu résidentiel privilégié attachée à ces deux villages. Traversant les rangs 2 et 3, ce tracé désorganise un territoire agricole dynamique, classé parmi les meilleures terres de toute la MRC de Rimouski-Neigette. Il empiète sur un territoire classé pour ses paysages uniques, constituant un capital touristique important pour l’avenir de notre région, un territoire déjà protégé contre des infrastructures imposantes telles que des éoliennes. Il porte atteinte à un patrimoine rural riche et emblématique, caractéristique de ces rangs ancestraux. Il traverse le territoire en périphérie immédiate du Parc national du Bic, créant une barrière aux échanges fauniques et limitant la biodiversité du parc.

Le Regroupement conclut en faisant une demande au MTQ de revoir le tracé pour le passage de l’autoroute dans ce secteur et d’exclure des scénarios envisagés la proximité des villages et le territoire des rangs 2 et 3. En contrepartie, il considère que l’alternative de l’axe sud devrait faire l’objet d’un examen approfondi, étant donné qu’un tracé dans l’axe sud passerait par plusieurs terres publiques et par des territoires à plus faible densité de population, traverserait beaucoup moins de terres agricoles, et serait plus facile à entretenir principalement l’hiver, car moins soumis aux forts vents qui caractérisent la côte.

On pourra retrouver le détail de l’argumentation du Regroupement accompagné des cartes des tracés prévus, ainsi qu’une invitation à signer une pétition demandant de conserver intacts le paysage et l’activité agricole des rangs 2 et 3 du Bic et de Saint-Fabien à l’adresse www.rcptbicstfabien.org.

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