Il y a quelques siècles, dans la lettre 30 des Lettres persanes, Montesquieu posait la question suivante : Comment peut-on être Persan? Il y a quelques décennies, dans La Chinoise, Jean-Luc Godard mettait en scène un jeune « mao » qui se questionnait : Comment peut-on être Américain? Voici que Le Mouton NOIR se demande : Comment peut-on être rural?
Il n’y a pas si longtemps, la réponse était toute simple : en faisant de l’agriculture. Mais voilà que les agriculteurs ne sont plus majoritaires en campagne face aux retraités, travailleurs des services, forestiers, etc. Bien plus mêlant, il y a même des mouvements (ex. le CRAPAUD) pour ramener poules et chèvres à Montréal, en ville! Il faut donc se tourner vers d’autres critères, comme la densité démographique, le milieu rural étant celui où les habitations sont dispersées et éloignées les unes des autres, comme dans les quartiers de bungalows de tous les Laval de la planète. Non, ce critère ne suffit pas; encore plus mêlant, Saint-Valérien sera-t-il encore rural quand il sera devenu un quartier-district de Rimouski? Dans combien d’années? Face à toutes ces difficultés de définition, au retour des anciens ruraux après leur vie active en ville, à l’invasion de retraités en quête de qualité de vie et de jeunes travailleurs autonomes en quête de logement à bas prix, on a inventé il y a une vingtaine d’années le concept de néoruralité ou de nouvelle ruralité.
La réalité de la ruralité évolue et avec elle, le concept de néoruralité. Bravo! Évoluons nous aussi. Pour le moment, on peut se dire que la population rurale, c’est ceux et celles qui « restent en campagne », qu’ils en viennent ou qu’ils y viennent. Cela ne vous fait-il pas penser à la définition un peu pas mal heuristique de la citoyenneté québécoise, elle aussi dans la vingtaine? Comme chantait Sylvain Lelièvre, « c’est pas facile d’avoir 20 ans; c’est plus mêlant qu’avant ».