La démocratie vivante sera faite de citoyens
qui se donnent la peine de participer
aux décisions qui se prennent en leur nom.
Guy Rocher
L’Assemblée nationale du Québec a de nouveau été le théâtre d’un véritable coup de force des Libéraux de Jean Charest au cours des dernières semaines. Après avoir laissé traîner le dossier linguistique pendant des mois, voilà que le gouvernement libéral invoquait l’urgence d’agir et bâillonnait les parlementaires du Québec pour imposer la Loi 115, une loi pourtant décriée par la très grande majorité des Québécois. Il n’aura donc pas fallu attendre longtemps pour renouer avec l’arrogance et le mépris de Jean Charest et de son gouvernement envers le peuple du Québec. L’Assemblée nationale venaient à peine de reprendre ses travaux cet automne que ces tristes valets du gouvernement fédéral servaient une nouvelle gifle au visage des Québécois.
Rappelons-le, cette arbitraire Loi 115 permettra désormais à des parents francophones ou allophones du Québec de contourner la Charte de la langue française et de s’acheter un droit bien particulier ; celui d’inscrire un de leurs enfants dans une école privée anglaise non subventionnée pendant trois ans afin d’obtenir par la suite, pour tous leurs rejetons et surtout pour toute leur descendance, le privilège de poursuivre leurs études dans les écoles anglaises du réseau public québécois subventionné. Jean Charest et Christine Saint-Pierre, la ministre de la Culture apparemment responsable de la protection de la langue française, s’arrogent donc aujourd’hui le pouvoir de briser le très large consensus qui existe depuis l’adoption de la Loi 101 au sujet de la langue d’enseignement dans les écoles du Québec.
En créant une telle brèche dans ce qu’il y a de plus fondamental dans la vie d’un peuple, la protection et la promotion de sa langue et de sa culture, cette loi vient non seulement paver la voie à l’anglicisation d’un nombre toujours croissant de Québécois, mais elle vient freiner d’un même souffle l’objectif pourtant essentiel de la Loi 101, soit celui d’intégrer une bonne partie des nouveaux arrivants à la culture de la majorité. C’est donc un pan complet des objectifs de la Charte qui se retrouve ici lézardé par les Libéraux. Imaginez un peu. Nous nous retrouverons dans un avenir très rapproché dans une situation où nous subventionnerons collectivement l’anglicisation des nôtres et des nouveaux arrivants ! Du véritable délire !
On le sait, tout semble achetable pour le gouvernement de Jean Charest : des places en garderie, des permis d’exploration gazière malgré la colère qui gronde et même la nomination de certains juges. Alors que différentes études soulignent à grands traits que Montréal s’anglicise à un rythme effréné et que nous avons d’énormes difficultés à intégrer les milliers de nouveaux arrivants qui se joignent à la nation québécoise, alors que nous constatons quotidiennement le recul de la langue française dans l’affichage commercial et dans les milieux de travail un peu partout au Québec, ce gouvernement bafoue les droits collectifs du peuple québécois et livre maintenant le message totalement irresponsable qu’au Québec on peut désormais s’acheter un droit d’étudier dans la langue d’enseignement de son choix.
Ce gouvernement croyait peut-être asservir le peuple du Québec en utilisant le bâillon à l’Assemblée nationale, mais des milliers de voix s’élèvent depuis pour dénoncer cette injustice. Et le message est sans équivoque : nous ne laisserons pas Jean Charest et sa bande renier l’héritage de la nation québécoise. Et que ce soit bien clair, au Québec, la langue française n’est pas à troquer. En aucune circonstance, ni à aucun prix.