Nos blogues

Novembre-décembre 2010

Par Jacques Bérubé le 2010/12
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Novembre-décembre 2010

Par Jacques Bérubé le 2010/12

Octobre 1970 : 17 octobre. J’ai 11 ans. Mes parents sont en voyage. La dame qui nous garde, mon frère, mes deux sœurs et moi, est debout devant le téléviseur, les deux mains sur la bouche. Dans la télé, on voit une voiture avec le coffre ouvert. « Les écœurants ! Les maudits écœurants, y ont tué Laporte ! »

Laporte, je me souvenais ce nom parce que, quelques mois plus tôt, j’avais écouté le congrès à la chefferie du Parti libéral du Québec – pareilles affaires plates à 10 ans ! En fait, je m’y étais intéressé parce que l’un des principaux organisateurs politiques de Pierre Laporte, qu’avait battu Robert Bourassa, était notre voisin, monsieur Ménard, un riche ingénieur qui le deviendrait encore plus dans les années suivantes, placées sous régime libéral. Ce soir du 17 octobre, il devait se lâcher aussi pas mal de « maudits écœurants ! » dans la maison voisine.

Le lendemain, à l’école Dominique-Savio, dans ma classe de 7e année – ça existait à l’époque – le professeur d’anglais, Léandre Arsenault, un grand slaque d’Acadien du Nouveau-Brunswick qui venait une fois par semaine – et qui mériterait aujourd’hui de se faire rembourser, à haut taux d’intérêt s’il vous plaît, toutes les claques sur la gueule qu’il assénait aux ti-culs de 11-12 ans – ce prof, disais-je, nous fait un long sermon anti-Québec en ridiculisant la devise La belle province et en mettant dans le même sac tous les maudits sauvages de Québécois.

Les jours suivants, ma grande sœur, qui allait à l’école en ville, au Langevin, nous racontait comment les soldats de l’armée canadienne pointaient leurs armes vers son autobus scolaire quand il passait devant la maison cossue du ministre Maurice Tessier.

Octobre 1981 : J’ai 22 ans et je travaille au centre d’artistes La Grande Ourse, dans la belle bâtisse dite du ROCCR, sur la rue Saint-Louis, démolie depuis. Sous l’impulsion de Jean-Pierre Boyer, activiste et professeur de communication, La Grande Ourse présente « L’Événement d’Octobre », une exposition d’art carcéral et d’affiches et photographies militantes. L’ex-felquiste Jacques Rose est invité et il y voit pour la première fois le film Les Ordres, de Michel Brault. Il en ressort profondément bouleversé. D’où il se planquait avec ses compères, il n’avait pas vu les rafles de la police et de l’armée qui, War measures Act signé Trudeau sous le bras, avaient fait plus de 3 000 perquisitions et 450 arrestations sans mandat.

En 1982, je rencontre l’autre Rose d’Octobre, Paul, récemment sorti de prison et venu à Rimouski faire une maîtrise en développement régional. Quelques années plus tôt, une commission d’enquête avait fait la preuve que Paul Rose n’était pas au bungalow de la rue Armstrong, à Saint-Hubert, lorsque le ministre Pierre Laporte était mort par asphyxie. Paul, bâti comme un ours, est assis seul au café-bar du ROCCR. Je m’approche et me présente, gêné, mais surtout très impressionné. On échange quelques mots, je lui parle de Jean-Pierre, de La Grande Ourse, du ROCCR… Ça suffit pour marquer le début d’une longue amitié, qui dure toujours.

Des années plus tard, ma mère qui, sans être une fervente partisane, traîne tout de même certains gènes de sa famille libérale, apprend que Paul et moi sommes amis et me dit : « Si tu te tiens avec Paul Rose, je ne veux plus que tu viennes à la maison. » À cette époque, j’allais pratiquement souper tous les dimanches soirs chez mes parents. Après trois semaines d’abstentions dominicales, ma mère appelle et me demande si je la boude. « Mais, maman, lui dis-je gentiment, tu m’as dit de ne plus venir à la maison à cause de mes mauvaises fréquentations ». « Laisse donc faire ça », me répond-elle aussitôt !

Quelques mois plus tard, je pars pour Montréal et je prends Paul avec moi. Je ne sais trop pour quel prétexte, mais j’arrête chez mes parents et je présente Paul à ma maman. Plus de 20 ans ont passé, mais j’ai encore en tête l’image de ma petite mère gênée serrant la grosse paluche de Paul, tout aussi gêné. Et ce petit regard lancé de côté, façon de dire : « Toi, mon mauzusse ! » J’imagine aussi ma mère disant à mon père, ce soir-là : « Tu ne sais pas qui j’ai rencontré aujourd’hui.. ? »

Octobre 2010 : Quarante années après la crise d’Octobre 1970, le flo qui restait à côté de chez l’organisateur de Pierre Laporte est ami avec celui qui a purgé 12 ans de prison pour l’enlèvement et « l’exécution » du susnommé. En plus, la floune, sœur de ce flo, est présidente d’un syndicat qui a pour conseiller ce méchant terroriste. Comme quoi dans deux maisons voisines d’une petite rue de Rimouski, le destin dessinait de curieux barbots…

J’ai de mauvaises fréquentations. Mais je serais bien plus gêné d’être ami avec certaines gens qui se pavanent avec le mot honorable devant leur nom ou pire, qui atteignent les sommets de la malhonnêteté intellectuelle, historique et politique en défendant toujours l’adoption de la Loi des mesures de guerre contre le Québec et l’arrestation de personnes comme Gaston Miron, Pauline Julien, Gérald Godin ou Michel Garneau.

Plusieurs ouvrages et reportages, notamment deux émissions de Tout le monde en parlait, à la télé de Radio-Canada, ont jeté un éclairage différent sur les événements d’Octobre 70, mais il restera toujours une part d’inconnu dans cette histoire.

Récemment, Jean Charest a traité de révisionnistes ceux qui ne gobent pas, comme lui, la version officielle de l’histoire.

Le 17 octobre, c’était l’anniversaire de naissance de Paul Rose. Bonne fête en retard, Paul !

Éole était le dieu du vent. Est-ce qu’il existe un dieu des crêtes de haute pression ?

Une affiche dans la vitrine d’un commerce indiquait « aujourd’hui, nous payons les taxes ». Que faites-vous le reste de l’année, monsieur le marchand? Moi, les taxes je les paie chaque jour lorsque j’achète quelque chose et je ne pose pas d’affiches pour m’en vanter.

Le magazine Maclean’s met en doute l’intégrité du Bonhomme Carnaval. La réputation des mascottes est mise à rude épreuve. Aurons-nous droit à une commission d’enquête sur les mascottes, la Commission Peluche ?

Est-ce que les téléphones intelligents vont faire en sorte que les conversations seront plus intelligentes ?

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