Après plus de 12 ans à titre d’éditeur de BD, il n’est pas étonnant que La Pastèque présente aujourd’hui un catalogue de plus en plus riche et varié. Il est fort représentatif de la BD d’auteur actuelle, québécoise et d’ailleurs. Pour ceux qui l’ignorent, La Pastèque est l’éditeur de la collection des Paul de Michel Rabagliati dont la popularité ne cesse de croître, dépassant nos frontières. Rabagliati vient de recevoir le Grand Prix du Public au dernier festival d’Angoulême. Assurément, La Pastèque connaîtra un autre succès, ce sera avec Macanudo de Liniers, une BD argentine, là-bas considérée comme un phénomène de masse. Ainsi, le catalogue relevé de l’éditeur, telle une bibliothèque d’avant-gardistes, d’originaux et d’ouvrages sortant de l’ordinaire, avec plus de 75 titres, est pour le moment tirée vers le haut par une puissante locomotive du nom de Paul. Bientôt, par le succès escompté de Macanudo, le train bigarré fera son tour du monde à l’aide de ces deux locos. Je tente donc aujourd’hui un parcours à bord de ce catalogue roulant par une visite des voitures qui s’y sont ajoutées tout dernièrement.
Jimmy et le Bigfoot par Pascal Girard : Jimmy est un adolescent qui devient une vedette grâce à une vidéo sur le net le montrant en train de danser. C’est alors qu’il devra composer avec de nouvelles situations, même celle de se retrouver en présence d’un Bigfoot sur les Monts-Valins. Cette chronique adolescente témoigne d’une grande sensibilité par la justesse des dialogues, l’économie du trait et la beauté du récit.
Miam Miam Fléau par Marsi : Marsi, c’est pour Marc Simard, un dessinateur expérimenté de dessins animés. Il nous présente Borbo, le goûteur qui a quitté Taraboum 1er, roi des Gôls. Ce dernier met sur ses traces Coco Météor et son cavalier afin de le ramener au bercail. C’est graphiquement étonnant et le récit est enjoué et dynamique.
Mon Petit Nombril par Pascal Colpron : à l’instar des illustrés de nos quotidiens, ce livre est composé de petits moments suaves et désopilants de la vie courante. D’ailleurs, pourquoi n’y retrouve-t-on pas les planches de Colpron ? Ce recueil des meilleures planches du blogue quotidien de l’auteur est fort sympathique.
Macanudo T.2 par Liniers : l’autre locomotive éventuelle. C’est un petit monde pittoresque et reluisant qui met en vedette Enriqueta et son ourson Madariaga, le chat Fellini et le Robot Z-25 pour ne nommer que ceux-là. Ils sont de la distribution d’une suite de gags désopilants hauts en couleurs et souvent ésotériques. C’est tout simplement magnifique. Je ne pourrais comprendre que la petite Enrequita ne devienne pas aussi célèbre que sa compatriote Mafalda.
La Célébration par Rui Tenreiro : après Le Merle, un amalgame original de croquis et de dessins, ce second livre de Tenreiro à La Pastèque se penche sur des légendes de la mythologie japonaise. Ce livre en noir et blanc et bleu nous montre des esprits et des créatures qui influencent la destinée des êtres humains. C’est beau, mystérieux et poétique.
On pourrait relever chacun des titres du catalogue et faire son éloge. Je me contenterai de passer en revue les incontournables : les Paul de Michel Rabagliati ; Rapide-Blanc, La Fugue et Bologne de Pascal Blanchet ; les Red Ketchup et Michel Risque de Godbout et Fournier (il est bien qu’une bibliothèque renferme des classiques) ; les Boris de Rémy Simard ; les Faüne de Paul Bordeleau ; les surprenants livres de Leif Tande, dont le très attendu L’Origine de la vie, un énorme et riche pavé qui paraît au moment même où vous lisez ces lignes. Parmi tous ces feux roulants, on ne peut omettre Les Derniers Corsaires, le chef-d’œuvre de Jocelyn Houde, la seule BD de sa carrière sur un scénario de Marc Richard.
Tel est l’inventaire : La Pastèque est une maison d’édition qui compte dans ses rangs des œuvres originales d’auteurs d’ici et des quatre coins du monde et qui, de ce fait, démontre que la BD québécoise existe bel et bien. Il y a une place à lui faire dans votre bibliothèque.