Champ libre

De l’or en Gaspésie!

Par Jacques Bérubé le 2009/07
Champ libre

De l’or en Gaspésie!

Par Jacques Bérubé le 2009/07

C’est le coup de cœur de ce début d’été de mon coup de cœur d’amour. La belle a pris de l’avance sur moi, car elle l’écoute en boucle depuis que je lui ai refilé, mais, mine de rien, je suis en train de la rattraper dans le croche. Même si nous n’en sommes qu’au début juin, j’écris, sans aucune hésitation, que Géophonik, troisième disque de Guillaume Arsenault, est l’un des meilleurs disques de l’année 2009. Et il le restera, car ceux qui sortiront des albums d’ici la fin de l’année devront s’atteler serré s’ils veulent s’approcher de la qualité et de l’originalité de Géophonik.

Les textes de Guillaume Arsenault sont d’une grande finesse; une poésie hybride, sensuelle et groundée (excusez l’anglicisme, mais je n’allais tout de même pas écrire une poésie mise à la terre!).

J’ai la toiture qui coule et la cave inondée

Je cherche le niveau de conscience pour ajuster le châssis de ma chanson

(Plombier)

Mais si on prend la nuit par le soir

Si on prend le jour par le matin

On trouve nos éclats d’espoir un peu partout le long du chemin

(Pluie)

J’ai le bonheur intermittent

Et les larmes furtives

Le rythme radio inconscient

Les essuie-glaces qui essaient de le suivre

(Bonheur intermittent)

Ses musiques et mélodies sont… WOW! Géophonik est une œuvre de création et de recherche musicale qui se démarque. Elle mérite autant d’attention et le même engouement que les œuvres des Pierre Lapointe, Arianne Moffat et autres Daniel Bélanger.

La voix de Guillaume Arsenault est chaude, chaleureuse et… belle. Simplement et agréablement belle! La basse de Jean-Guy Leblanc est puissante et terriblement efficace, et les guitares tout-terrains d’Éric Dion me font passer des frissons dans l’épine dorsale. Bref, tout est à point sur ce disque.

La première chanson de l’album, Tour, faite d’un amalgame de jeux de mots et de calembours sur les noms de villes et villages gaspésiens — avec les harmonies vocales de Bïa —, possède tout ce qu’il faut pour devenir l’un des hits de cet été qui tarde toujours à montrer le bout de son nez.

J’te tourne autour / Tu m’agaces le pays / Tu m’agaces tu m’agaces le pays /

J’te tourne autour, ma babay des Chaleurs

Ceux qui ne le savaient pas déjà auront compris que Guillaume Arsenault, Guillaume à Ludger à Hector à Jos, est Gaspésien, né à Bonaventure, sur le chemin de la rivière qui mène à Saint-Elzéar. Gaspésien et fier de l’être. Et nous, comme voisins, on est bien fiers de ce qui s’est tramé dans la tête et les tripes de ce frère-fils de l’Est. Et il n’a pas lésiné, le Guillaume. Il s’est associé, pour les arrangements, à Éric West-Millette, un multi-instrumentiste qui a frayé avec Yves Desrosiers, réalisateur du génial Kanasuta, de Richard Desjardins,  Marie-Jo Thério, Bïa et Thomas Hellman. C’est ce même West-Millette qui a mijoté, fort bien d’ailleurs, la réalisation de Géophonik. Et, pour côtoyer ses excellents musiciens-copains gaspésiens, Guillaume Arsenault a invité deux Charles (Papasoff, au sax baryton, et Imbeau, ex-Colocs, à la trompette acoustique et électronique). Et bien d’autres.

Géophonik est un heureux mélange de folk, de slam et d’échantillonnage — coup de la carabine .308 du paternel Ludger, pomme et dents, hache et bûche de tremble, dactylo, etc —, « un mélange culotté qui saura ravir les amateurs de chanson et les explorateurs de sons, […] des musiques qui font le pont entre la tradition et le futur ».

Allez, faites-vous plaisir, Géophonik, de Guillaume Arsenault, est le plus beau cadeau que vous aurez fait à vos oreilles et à votre cœur de mélomane depuis longtemps.

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