Certaines mères antidotées ont demandé de l’aide à Antidote Monde pour lutter contre un phénomène qui les touchait autant que les autres femmes : le suicide chez les jeunes. Pendant deux ans, Nikole DuBois a rencontré huit jeunes témiscouatains pour monter un programme s’adressant spécifiquement à leur génération. « La barouettée » leur propose des ateliers pour connaître leur milieu et se connaître eux-mêmes. « Quand les jeunes ont vu qui ils sont et où ils en sont, ils font un rêve social ensemble et décident des actions qu’ils vont mener », précise Nikole DuBois qui ajoute que, comme les éclaireuses des programmes « Antidote », elle forme maintenant des « Fenix » qui retransmettent la formation qu’ils ont reçue aux jeunes de leur milieu.
En 2002, au début du Pacte rural, la MRC du Témiscouata a confié à Antidote Monde le mandat de mettre en place un projet de développement de la ruralité partout au Témiscouata en s’appuyant sur son concept d’intervention auprès des femmes et des jeunes.
Le programme élaboré par Antidote Monde comprend diverses étapes. Les gens font d’abord une courtepointe (en plaçant des « post-it » de couleur sur un grand panneau) qui décrit et analyse leur village sur les plans social, économique, politique, spirituel, culturel, etc. Ils identifient ensuite les forces de leur village et les points à développer pour améliorer leur situation; des défis à mener pour garder le milieu vivant. Des rassemblements publics annuels réunissant les villages sont organisés, un réseau de leaders et des comités de développement local sont mis sur pied, un plan d’action est élaboré et, petit à petit, des projets sont réalisés.
« C’est dur de travailler avec une démographie qui baisse tout le temps. Mais c’est une réalité qui est en dehors de nous. On vit un mal développement. Ça se passe dans les pays du tiers monde et ici aussi », remarque Nikole DuBois. Celle qui a rebaptisé les Règlements de contrôle intérimaire (RCI) en « Rêves collectifs intégrés » déplore d’ailleurs que, actuellement, il y a 50 % des humains qui vivent dans les villes1 où une personne sur trois demeure dans un bidonville. Dans ce contexte, la mobilisation des acteurs ruraux prend tout son sens, car, comme le croit Nikole DuBois, en se plaçant du côté de l’action, on transforme le milieu : « Le développement, ça ne se fait pas, ça se vit. »
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Notes:
1. Voir à ce sujet Grégoire Allix, « Depuis 2008, la moitié de l’humanité vit en ville », Le Monde, 24 octobre 2008. Le journaliste affirme que l’« urbanisation du monde bouleverse les équilibres économiques, sociaux et écologiques de la planète ».